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Louis Michel SURIREY de SAINT REMY, alias de BOISSY (1710-1783)



Louis Michel naît à Paris le 10 octobre 1710.

Il est baptisé le 11 à  l'église Saint Paul dans le Marais, son parrain étant Claude GUERIN seigneur de ROCHEBRUNE époux de sa tante et marraine Marie Marguerite VACHEROT. Ce  chevalier Claude Guérin de Rochebrune, mousquetaire et chansonnier, habitait cour du palais comme la famille AROUET à laquelle il était lié au point que François Marie AROUET, mieux connu comme VOLTAIRE, prétendra plus tard en être le fils illégitime. Le père de VOLTAIRE, François AROUET, conseiller du Roi et Receveur des Epices de la Chambre des Comptes, sera d'ailleurs subrogé tuteur des enfants du couple VACHEROT-ROCHEBRUNE (cf. acte du 28 avril 1727 - AN 4418).

Ses parents sont Michel SURIREY de SAINT REMY(1680-1772), Trésorier Général receveur et payeur des rentes de l'Hôtel de Ville de PARIS, et  Marie-Louise VACHEROT. Ils habitent depuis 1707 le premier étage de l'Hôtel que leur oncle Alphonse Hénault de Cantobre (1) vient d'achever dans le faubourg Saint Antoine à PARIS.

A sa naissance, il a déjà 1 frère et 2 sœurs: Pierre François, né en 1704 à PARIS, Catherine Marie Françoise, et Madeleine Louise née le 11 octobre 1708. Le 1 octobre 1711 naît un 2ème frère André Louis et le 2 août 1715 naît une 3ème sœur, Angélique Marie.

En 1716 son père fait partie des 726 gens de finance condamnés par le Roi à payer une amende à titre de restitution (130 116 livres puis 23000 livres). Une chambre de justice avait en effet été établie le 12 mars 1716 afin de poursuivre un grand nombre de gens d'affaires soupçonnés d'avoir réalisé des profits au détriment des biens de la couronne.

Le 25 décembre 1716, Louis Michel perd son grand-père paternel, Pierre SURIREY de SAINT REMY, ancien Lieutenant du Grand Maître de l'artillerie de FRANCE, qui décède au Petit Arsenal à l'âge d'environ 70 ans et est inhumé le lendemain en l'église Saint Paul, sa paroisse, en présence de son fils et de ses gendres JJ Fortin et JB Habert d'Orgemont, commissaire du conseil pour la visite des bois.

En décembre 1718, son père acquiert pour 89 000 livres le château de PETITVAL et LE PIPLE près de SUCY-EN-BRIE. Il va y entreprendre de grands et onéreux travaux d'agrandissement et d'embellissement. Il acquiert également en septembre 1719 une grande maison sise au 4 place royale (actuelle place des Vosges), mais la famille continue à résider principalement rue saint Antoine. Cette même année, il achète la charge de "conseiller du roi payeur des rentes de l'hôtel de ville" pour la somme considérable pour l'époque de 350 110 livres.

En 1720, la famille s'agrandit par la naissance d'un 4ème garçon, Charles Etienne, qui sera plus tard  clerc tonsuré.

Le 21 mai 1723, son père devient Trésorier général des Ponts et chaussées.

Le 11 mars 1727, premier mariage d'une sœur de Louis Michel: Catherine Marie Françoise épouse Jean-Baptiste Robert AUGET baron de MONTYON , membre de la Chambre des Comptes de Paris; elle meurt malheureusement peu de temps après, le 28 avril 1728, en donnant naissance à une fille, Marie Louise Anne . Jean-Baptiste Robert Auget baron de Montyon,  sera ensuite le père du célèbre philanthrope Antoine Jean Baptiste Robert Auget, baron de Montyon (1733-1820)  qui fut d'abord avocat au Châtelet en 1755, puis maître des requêtes au Conseil d'État (1760) et intendant d'Auvergne, de Provence, conseiller d'État en 1775, avant de devenir chancelier de Monsieur, frère du roi. Leur fille Marie Louise Anne (1728-1799) épousera Michel Bouvard de Fourqueux (1719-1789),  procureur général de la Chambre des comptes puis ministre d'Etat de Louis XVI, et aura pour gendres Jean Charles Philibert Trudaine de Montigny (1743-1777), intendant des finances, membre honoraire de l'Académie des Sciences, et Etienne Maynon D'invau, Contrôleur Général des finances en 1768.  A l'automne 1793, alors qu'elle finit ses jours à MARLY,  elle sera enfermée à la Conciergerie, "pour avoir tenu des conciliabules et assemblées contre-révolutionnaires".

Son frère André Louis qui n'a pas tout à fait 16 ans est quant à lui admis dans la compagnie des Cadets gentilshommes de la citadelle de METZ le 28 mars 1727.

Sa deuxième sœur, Madeleine Louise, se marie à son tour le 24 septembre 1728, épousant Jean TOUSSAINT de LA PIERRE marquis de FREMEUR, Maîstre de camp du régiment "Colonel Général des Dragons" (aujourd'hui 5e régiment de Dragons). Le mariage est célébré à l'église Saint Paul. Entré aux mousquetaires en 1719, Jean de LA PIERRE fut fait capitaine au régiment "Colonel général des dragons" avant d'en devenir mestre de camp le 27 février 1727. Il sera ensuite nommé Brigadier en 1740,  puis Maréchal de camp en 1744 et Lieutenant-Général des armées du Roi en 1748,  et, après avoir été Gouverneur de Montmedy, finira sa carrière militaire comme Gouverneur général de Minorque en 1758. Il se distingua régulièrement tout au long des ses campagnes et fut grièvement blessé lors de l'une d'elles en Alsace.

Le 2 novembre 1728, Pierre François, âgé de 24 ans, entre comme Sous-lieutenant dans "Colonel Général des Dragons" le régiment de son beau-frère (il y sera capitaine en 1733 et commandera une compagnie de 1735 à 1745). Puis, le 10 mars 1729, André Louis quitte les cadets de METZ pour entrer à son tour dans "Colonel Général des Dragons" comme Cornette à la compagnie générale.

* *

Le 3 février 1731, Louis Michel épouse  Marie Louise Du MEYNET. Née le 28 mai 1714 dans une famille du DAUPHINE, elle est fille de Pierre Louis Du MEYNET, Receveur Général des finances du DAUPHINE, et de Marie-Louise LANGLOYS.

Les Du Meynet sont des voisins proches semble-t-il, et leur fille Marie Louise demeure au couvent de La Madeleine de Traisnel à Paris. Son père est un voisin des SURIREY, puisqu'il habite aussi rue Saint-Antoine, les fenêtres de son appartement donnant en outre sur la cour de l’hôtel de Cantobre, et sa mère réside à l'Abbaye de Port-Royal dans le faubourg Saint-Jacques. Marie Louise n'a pas encore 17 ans et demeure alors au couvent de la Madeleine de Traisnel rue de Charonne. Elle est dotée par ses parents de la somme très élevée de 200 000 livres à valoir sur le prix de l'office de receveur général du Dauphiné que son père vend au marié.

A la signature du contrat les témoins ne sont pas loin de soixante dont une vingtaine de personnalités représentant principalement la haute administration et le monde de la finance, souvent alliées entre elles, qui montrent que la famille tient à cette époque une position sociale relativement élevée. Ces personnages représentent une nouvelle classe sociale qui apparaît à cette époque et que Voltaire appelait de ses vœux: des gens actifs, amis du commerce autant que des arts, et qui déjà commençaient à remplacer une vieille noblesse qui pour beaucoup avait fait son temps.

Outre la famille dont le plus notable représentant et non des moindres est le fameux Président Hénault, Charles Jean François Henault, président de la première chambre des enquêtes du Parlement de Paris depuis 1710, on relève les personnages suivants:

  • le Secrétaire d'Etat aux Affaires Etrangères Germain Louis de CHAUVELIN (Né en 1685, Germain-Louis de Chauvelin est issu d’une famille de robe originaire du Vendômois. Avocat du roi au Châtelet à dix-neuf ans, conseiller au Grand Conseil en 1706, au Parlement de Paris en 1708, maître des requêtes en 1711 et avocat général à la place de Le Nain. En 1719, lorsque meurt son père, Chauvelin achète à M. de Bailleul sa charge de président à mortier au Parlement de Paris. Il s’attache au cardinal de Fleury après la mort du Régent et devient son homme de confiance. Fleury, principal ministre officieux, lui fait confier les sceaux le 18 août 1727, en lieu et place du ministre Armenonville, et le département des Affaires étrangères six jours plus tard. C'est par ailleurs un voisin puisqu'il possède le château de Grosbois, à côté de Petitval, de 1731 à 1762. )
  • le richissime Conseiller d'Etat Samuel BERNARD, célèbre  financier de l'époque (Samuel Bernard, comte de Coubert : (1651-1739) . On a dit de lui qu'il était " le banquier des rois et le roi des banquiers ". Ce titre n'était pas usurpé: à la fin du siècle, Samuel Bernard est sans conteste « le premier et le plus riche banquier de l'Europe », selon l'expression de Saint-Simon. Il est aussi considéré à juste titre comme le premier financier moderne),
  • le Contrôleur général des finances Philibert ORRY (1689-1747) Comte de Vignory, Seigneur de La Chapelle-Godefroy. Intendant de 1722 à 1730 puis Contrôleur général des finances de 1730 à 1745 et directeur général des Ponts et Chaussées de France.
  • l'Intendant de la généralité de PARIS Achille de HARLAY (Achille III de HARLAY Comte de BEAUMONT (1639-1712). Premier président du Parlement de PARIS en 1689, Achille III de HARLAY joua un rôle important dans l'affaire de la légitimation des bâtards de Louis XIV),
  • le Lieutenant civil du Châtelet Jérôme d'ARGOUGES,
  • l' Intendant des Finances Louis FAGON ("Homme d’esprit et de capacité” selon SAINT-SIMON, Louis FAGON (1680-1744) était le fils du Premier médecin de Louis XIV. Intendant des Finances, il entra en 1715 dans le Conseil des Finances de la Régence, sorte de ministère ayant en charge les affaires domaniales et fiscales. L’homme fut un administrateur efficace. Il fut également un mécène somptueux. Il possédait une maison à PARIS, rue Neuve-des-Petits-Champs, des résidences à VERSAILLES et FONTAINEBLEAU, une maison de campagne à FONTENAY-Aux-ROSES (qualifiée de “bourgeoise” par MARIETTE) et, seul vestige subsistant de ces fastes, le château de VORE dans le PERCHE, acquis en 1719 au marquis de JAVERLHAC, qui lui-même l’avait acheté cinq ans plus tôt aux VILLERAY de RIANT, maîtres des lieux depuis la fin du XVIe siècle.),
  • l' Intendant des Finances d'ORMESSON,
  • le Receveur Général des Finances de Tours Edme-Louis de BOULOGNE,
  • Jean de BOULOGNE premier commis des finances (1690 - Paris 22/2/1769), comte de Nogent-sur-Seine (Aube), sgr de Marnay (Aube), Macon (Aube), La Chapelle-Godefroid (Aube), membre honoraire amateur de l'académie de peinture, 1er commis des finances en 1724, conseiller au Parlement de Metz en 1726, intendant des finances en 1744, fut de 1757 à 1759 contrôleur général des finances et en 1758 trésorier de l'ordre du Saint-Esprit),
  • le Receveur Général des Finances de la généralité de Paris François PRAT (Marié à Alexise MANSARD),
  • le Receveur Général des Finances d'Alençon Guillaume LE NOIR de BINDRE,
  • le Directeur Général des Ponts et Chaussées de France Joseph DUBOIS (frère ainé du cardinal, maire et lieutenant général de la ville de Brive, avant d’être secrétaire de la chambre et du cabinet du roi et directeur des Ponts et chaussées, mort en 1740 à 80 ans),
  • l'Intendant du Dauphiné Gaspard Moïse de FONTANIEU (1694-1767) marquis de Fiennes et de Fontanieu, contrôleur général des meubles de la couronne (1718-1767),
  • Jean de BOULOGNE premier commis des finances
  • le Grand Audiencier de France Nicolas MEGRET (la charge de Grand Audiencier, est donnée à l'un des principaux Officiers de la Chancellerie de FRANCE, qui fait rapport au Chancelier des Lettres de grâce, de Noblesse, etc.. Il y a deux Grands Audienciers.)
  • l'Abbesse de PORT ROYAL Marie-Louise Palatine de DIO de MONTPEYROUX,
  • Pierrette-Françoise-Henriette de VAUBAN, religieuse de Port-Royal,
  • le Surintendant des finances Charles Henry de MALON seigneur de BERCY (1678-1742), gendre du Contrôleur Général des Finances DESMARETZ, et neveu de COLBERT.
  • le marquis Henry de BOMBELLES, Brigadier des Armées du roy (Henry François de BOMBELLES, officier d'infanterie, futur lieutenant-général, avait loué à Pierre de SURIREY de SAINT REMY, grand-père de louis Michel, une grande  maison dans le village de LIMEIL près de VILLENEUVE ST Georges, et avait ensuite épousé en 1718 sa veuve Marie Suzanne Françoise née LE ROUX de RASSE.)
  • Claude LE BAS de MONTARGIS et son épouse (Claude LE BAS de MONTARGIS, Marquis du BOUCHER-VALGRAND, Seigneur de VANVES greffier de l'Ordre du Saint Esprit en février 1716. A VANVES, la "maison des champs" la plus fameuse est celle qu'il fit bâtir en 1698 par Jules HARDOUIN-MANSART. Ce château qui abrite aujourd'hui l'administration du Lycée MICHELET fut acquis ensuite en 1717 par l'un des plus puissants personnages du royaume: Henri-Louis de Bourbon, prince de Condé. Il est allié au président HENAULT dont la femme est Catherine Henriette LE BAS de MONTARGIS, petite fille de Jules HARDOUIN-MANSART.)
 
 
 

 

 
    Portrait du Président hénault (Château de Versailles)
 
Notons du côté de la mariée:
- Hilaire Louis Langlois Conseiller du Roy Correcteur en sa Chambre des Comptes, oncle maternel,
- Jean Desmoulins prêtre Docteur de Sorbonne Curé de St Jacques du Haut Pas, grand oncle maternel,
- René Desmoulins Conseiller du Roy auditeur en sa chambre des comptes, Grand oncle maternel, et Marie Moreau son épouse,
- Anne de la Beaume Veuve de Mre Henry Langloys procureur du Roy en sa chambre du Domaine, grand oncle maternel,
- Louise Dumée Veuve de Mre Louis Desmoulins Conseiller du Roy trésorier de France en la généralité de Paris, grand oncle maternel,
- François des Verneys procureur au parlement, cousin paternel,
- Michel Claude Langloys de Vauxcour, cousin maternel, et Margueritte Madeleine Dudat de Lambert son épouse,
- Henry-Hilaire Langloys Conseiller du Roy Auditeur en sa Chambre des Comptes, cousin maternel, et Marie Madeleine Terese Bucher de la Beaunoisière son épouse,
- Guillaume Louis Desmoulins Conseiller du Roy trésorier de France en la généralité de Paris, cousin maternel, et Louise Antoinette Charlot de Viblin son épouse,
- Louis Duc, écuyer, Seigneur de Beauchet et Marie Madeleine Desmoulins, son épouse, cousine maternelle.
 

viennent ensuite des parents dont en particulier:

  • Pierre François et André Louis, ses frères,
  • sa sœur Catherine et son beau-frère Robert AUGET de MONTHION,
  • sa sœur Madeleine et son beau-frère LA PIERRE de FREMEUR,
  • son grand-oncle Jean Remy HENAULT, fermier général et Secrétaire du Conseil d'Etat et Privé du Roi, ami intime de FONTENELLE et de Thomas CORNEILLE (Sainte Beuve a dit de lui que c’était « un homme riche qui aimait les lettres, et même assez particulièrement pour prendre le parti de Corneille contre Racine et pour se mêler à cette petite guerre que soutinrent Thomas Corneille et Fontenelle »),
  • son oncle par alliance BOUCHARD d'ESPARBES de LUSSAN d'AUBETERRE (Epoux de Marie Hénault, sœur de François Hénault. Il fut mousquetaire en 1708, capitaine dans le régiment de cavalerie d'Aubeterre en 1709, où il fit les campagnes de Flandres et du Piémont. Il eut les grades de capitaine lieutenant des Gendarmes du Dauphin en 1713, de lieutenant-général à la date du 30 décembre 1713, de la Saintonge et de l'Angoumois. Devenu maréchal de camp en mars 1738, il se démit en 1747 de sa lieutenance générale en faveur de son fils.
  • son oncle, le célèbre Jean François HENAULT de l'Académie Française, Président au Parlement de PARIS, cousin germain de son père MICHEL (Né à PARIS, le 8 février 1685. Elève des jésuites, il entra en 1700 comme novice dans la congrégation de l'Oratoire pendant deux ans. Il devint ensuite lieutenant des chasses dans la capitainerie de CORBEIL, puis en 1705 devint conseiller au Parlement de PARIS, et en 1710 président de la Première Chambre des Enquêtes. Liés avec les principaux esprits de son temps, fréquentant les soupers fins où il déclamait des vers galants et chantait ses chansons. Président au Parlement de PARIS, surintendant de la maison de la reine, il fut l’ami de Mmes de LAMBERT, de BRANCAS, Du DEFFAND, et de FONTENELLE et de VOLTAIRE, et le protecteur des gens de lettres qu’il recevait libéralement à sa table. On l’appelait « le président ». Lauréat des Jeux Floraux et de l’Académie française, il eut le prix d’éloquence en 1707 et un accessit en 1709. Il était aussi assidu à la cour de SCEAUX où régnait la duchesse du MAINE. Il fut reçu à l'Académie française en 1723. Son œuvre littéraire est dès plus variée, mais son grand succès fut son Abrégé chronologique de l'histoire de FRANCE qui ne connut pas moins de huit rééditions du vivant de son auteur. Admirateur et disciple de FONTENELLE. Il fut hostile à la candidature de d’Alembert, reçut le président BOUHIER, et fit partie de l’Académie des Inscriptions, de l’académie de Nancy et de plusieurs académies étrangères. HENAULT fut très discuté par VOLTAIRE, COLLE, GRIMM. Il a laissé deux tragédies sous les pseudonymes FUZELIER et de CAUX, un Abrégé chronologique de l’histoire de FRANCE, des poésies légères et des chansons. Il est mort le 24 décembre 1770.
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Après son mariage, Louis-Michel est pourvu en survivance de la charge de Receveur Général des finances du DAUPHINE détenue par son beau-père et dont il devient titulaire par rachat le 23 janvier 1732. Cette charge est extrêmement lucrative et le place à son tour parmi les hommes fortunés du royaume (19) . Son prix de 450 000 livres est extrêmement élevé. 200 000 livres sont constitués par la dot de Marie Louise et 166 000 livres par des créances diverses de son beau-père. Il doit donc emprunter et son père lui prête ainsi 140 000 livres. En janvier 1740, il emprunte de nouveau 80 000 livres, dont 40 000 à la famille de Mauroy, pour contribuer au remboursement des  80 000 livres de créances encore détenues par son père sur les 166 000 attachées à sa charge. 

Louis Michel et Marie Louise eurent trois enfants. Deux filles: Marie-Louise, née le 13 décembre 1731, et Madeleine Hilaire qui seront mises en pension rue du Temple chez les religieuses de Sainte Elisabeth, puis un garçon Pierre-Louis, né le 2 janvier 1733 à PARIS, baptisé le même jour, paroisse Saint-Paul, qui sera mis en pension au collège des jésuites de Louis Le Grand. Le parrain de Pierre Louis est son grand-père Pierre Louis Du MEYNET et sa marraine sa grand mère paternelle Marie Louise.

Le 31 mars 1736, son frère André Louis, passé Sous-lieutenant depuis, meurt âgé d'à peine 24 ans, sans alliance.
En 1739, Charles Etienne devient chanoine de Notre Dame, à l'instar de nombreux puînés de l'aristocratie ou de la bourgeoisie parisienne qui fournissent les rangs de ces 52 chanoines. Il sera plus tard également abbé commandataire  de l'abbaye de Saint Orens puis ensuite de l'abbaye de FONTMORIGNY (diocèse de BOURGES), office de nature essentiellement lucrative.
 
Le 4 septembre 1741, sa belle-mère Marie Louise DU MEYNET, née LANGLOIS, meurt. Elle est inhumée à l'église ND de Grâce de Passy.

En juillet 1741, une succession de mauvaises opérations financières de son père l'ont acculé à la faillite et entrainent avec lui Louis Michel à qui il avait fait signer pour près d'1 million de livres de billets solidaires. Le  20 juillet 1741, Michel et son fils se mettent en faillite et dès le 5 août les créanciers se rassemblent chez maître CHAMPIE qui leur présente un bilan désastreux de la situation :

- Michel doit 87 478 livres par "billets" , 734 734 livres de dettes hypothécaires et 400 000 livres sur sa charge des Ponts et Chaussées;

- Louis-Michel a 443 000 livres de dettes hypothécaires et doit encore s'acquiter de 224 834 livres pour sa charge de receveur des finances.

- A cela s'ajoutent enfin 521 992 livres de dettes chirographaires conjointes.

Le montant de ces dettes qui approche au total 2,5 millions de livres est absolument considérable pour l'époque. Une estimation approximative de cette somme rapportée ajourd'hui donnerait en effet environ 28 millions d'euros.

Les créanciers principaux, Pierre François BERGERET, secrétaire du Roi, Bartelemy THOYNARD et Charles Maurice DUCHAUFOUR, en particulier, passent un contrat d'union le 27 octobre. Ils sont représentés par un avocat, Maître Simon de MOSAR, qui accuse Michel et son fils de dissimuler des sommes importantes et dénonce donc le caractère frauduleux de leur banqueroute.  Michel reçoit en effet 250 000 livres par mois pour la dépense des Ponts et Chaussées et ses caisses sont pourtant vides. La situation de Louis-Michel est de son côté analogue. Aucun des deux ne semble parvenir à justifier de pertes particulières et, peu de temps auparavant, ils continuaient à engager des dépenses : les "ouvriers de toutes espèces qui travaillaient à le décoration de leur maison de campagne depuis plusieurs années, n'ont point discontinué ". Le mariages des soeurs de Louis Michel a sans aucun doute coûté très cher (en dot notamment), et les travaux dispendieux entrepris à Petitval sans doute aussi. Les créanciers obtiennent "aux consuls" une condamnation par corps (droit de faire emprisonner les débiteurs jusqu'au paiement de la dette), mais  Michel et son fils obtiennent  cependant une  opposition à l'arrêt prononcé, rapidement contestée mais sans succès.

Pour pouvoir se libérer de ses dettes Louis-Michel a pour première mesure la vente de son office de receveur général qu'il cède le 4 août 1741 à Etienne Michel Bouret, trésorier général de la maison du Roi pour la somme de 490 000 livres. Le 18 août, il dépose son bilan auprès du greffe des Consuls et chez le notaire Champie. Bouret rembourse au Roi la somme de 224 839 livres due par Louis Michel, mais ayant obtenu entre temps une charge de fermier général plus lucrative, il se sépare dès le mois de septembre de l'office de receveur général au profit d'Emmanuel Jacques Gaillard de Gagny, trésorier général des maréchaux de France qui, ayant mis des clauses particulières dans le contrat de vente, va faire toutes les difficultés pour respecter les clauses du contrat initial de vente et rembourser les autres créanciers dont Marie Louise qui escompte bien récupérer sa dot en fin de compte évaluée à 240 000 livres.
 
Lors de la contribution finalement établie entre l'ensemble des créanciers de Louis Michel et son père, le 1er aout 1748, le montant total des créances s'établit à 1million et 36 mille livres dont 431000 à sa femme Marie Louise, alors que les actifs se réduisent à environ 83 000 livres seulement. Aucun des créanciers ne récupérera donc son dû à l'exception du personnel de maison qui voit ses entièrement gages payés.

En 1742, Louis Michel perd sa mère qui meurt à PARIS le 1 février, rue Saint Antoine. Ce décès retarda la liquidation des affaires familiales mais pour peu de temps. **
 
Louis Michel finit par s'exiler vers 1743 à NAMUR dans les Pays-Bas autrichiens, à proximité de la principauté de LIEGE (20),  sous le nom de SURIREY de BOISSY. Cette distance lui permet sans doute de régler avec plus de sérénité ses problèmes financiers qui vont se traduire par des arrêts de la Cour des Aides et des transactions avec les créanciers de 1743 à 1748.

Marie Louise se trouvant sans ressources, s'est évertuée à sauver sa dot a donc dès 1741 formé opposition au sceau des Provisions de l'Office de Receveur Général du Dauphiné et demandeé une séparation de biens qu'elle a obtenu le 15 décembre. Elle va se débattre pendant plusieurs années, obtenant progressivement par de multiples transactions et un arrêt de la cour des Aides du 30 janvier 1743 de déléguer aux créanciers les droits sur les sommes dues par le sieur de Gagny. Par ailleurs, afin de faire tomber les obstacles au paiement avancés par Gagny elle procède à la démonstration de l'apurement des comptes de l'office de Receveur général en rassemblant par plusieurs mois d'enquête tous les quitus relatif à l'exercice de la charge par Louis Michel et ses quatre prédécesseurs. Au vu de ces pièces, elle obtient par un arrêt du 1er septembre 1744 que Gagny soit bien débiteur de quelques 300 000 livres mais celui-ci se refuse obstinément à payer. Le 26 mai 1745, elle obtient une première sommation de paiement à l'échéance du 4 juin chez maître Jourdain. Gagny n'ayant pas daigné comparaître, elle obtient un nouvel exploit du 15 juin le condamnant au paiement des sommes dues avec les intérêts comptant du 1er janvier 1742. Le sieur Gagny continue cependant à faire traîner les choses et d'exiger des conditions particulières à l'exécution du paiement de sommes qu'il reconnaît cependant devoir. En principe, déduction faite des autres créances, il devrait encore revenir à Marie Louise environ 165 000 livres. En 1746, elle doit encore se pourvoir en justice par maître Millet auprès de la 3ème chambre de la cour des Aides, solidairement avec les autres créanciers délégués Thérèse Gabrielle Breau, veuve de M. Ravot d'Ombreval, Claude Olivier Boucher, M. et Mlle de Mauroy, M. Boula de Quincy, M. Rolin, Catherine Leger veuve Simon et Jérôme Gilbert Clautrier.

A NAMUR, dans un premier temps Louis Michel "vivait de la pension que lui faisait sa femme", écrit plus tard son petit-fils Hippolyte, puis il obtient une charge de Gentilhomme de Bouche du Prince-Evêque de LIEGE Jean Théodore de BAVIERE (21).   Il semble donc qu'il ne réside pas en permanence à NAMUR: dans une lettre aux échevins de la ville de Namur, il explique en effet que "dans ses voyages il s'arrête et [y] séjourne par inclination".
 
 

 
Jean Théodore de BAVIERE  
 
A partir du mois d'avril 1744, la France ayant déclaré la guerre à l'Autriche, les Pays-Bas autrichiens vont être le théâtre des opérations de la guerre de succession d'Autriche et la neutralité de la principauté de Liège ne lui évitera pas d'en subir les affres. En 1745, Louis Michel est amené à correspondre avec le Maréchal de SAXE commandant les armées du roi Louis XV et voisin de PETITVAL depuis qu'il s'est instalé au château du PIPLE (22) . Cette correspondance a lieu au moment de la campagne de FLANDRES, et de la bataille de FONTENOY en particulier, et a pour objet un échange de renseignements à caractère militaire.
 
Par ailleurs, ses fonctions l'amènent semble-t-il à s'occuper des affaires du Prince Evêque de Liège sur des plans assez divers. Ainsi, en septembre est-il chargé par le chancelier de la principauté de coordonner la fourniture d'approvisionnement au corps français du Comte de SEGUR et de trouver des arrangements pour éviter le pillage de la région par les troupes françaises. De même le voit-on le 29 novembre 1746 qui "prie son excellence Monsieur le comte de Lowendal commandant à Namur de lui faire expédier un passeport pour 2500 muids d'avoine achetés dans l'Entre Sambre et Meuse pour la consommation des chevaux de la cour."

Le maréchal de Saxe, dans sa conquête des Pays-Bas, se trouva en effet dans l’obligation de pénétrer dans la principauté et même de transiter par sa capitale. Les Alliés, au nom de la stricte impartialité, s’empressèrent de réclamer le même avantage et force fut aux Liégeois d’accéder à cette requête pour ne pas voir la ville pillée. Tous ces mouvements de troupes se firent dans des conditions plus que déplorables. Menaces, courses, fourragements, réquisitions, exactions, pillages et exécutions furent durant toute cette période le lot quotidien des villages et des communautés rurales. La détresse de la principauté s’aggrava avec la prise de Namur les troupes françaises détachées du siège se répandant dans tout le territoire liégeois tandis que les Impériaux établissaient une ligne de front le long de la Meuse.  Le choc entre les deux armées, connu sous le nom de bataille de " Raucoux ", se produisit le 11 octobre 1746. Cet affrontement clôturait certes la campagne mais les Alliés, au mépris de la neutralité liégeoise, prirent leurs quartiers d’hiver dans le pays. Pendant près de 4 ans, de 1744 à 1748, le pays de Liège est ainsi confronté aux conflits qui ont pour théâtre principal les Pays-Bas autrichiens.

Le 2 février 1746, Louis-Michel est à Liège à l'occasion du baptème de Théodorine-Marie-Joséphine Motte dit Fallize, fille de Jean (III) Motte dit Fallize, chirurgien et naturaliste liégeois (1719-1791), et d’Albertine Ferret, baptisée dans l’église Notre-Dame-aux-Fonts. Il y tient le rôle de parrain au nom du cardinal Jean-Théodore de Bavière, prince et évêque de Liège.

Palais 1743 liege

Le palais du Prince-Evêque à Liège (Extrait d' Histoire Generale des Pais-Bas par Jean Baptiste Christyn)

Le 25 décembre 1746, Louis Michel est nommé Intendant Général de la Garde-robe et du garde meubles du prince Evêque de LIEGE. La Maison de ce souverain comprenait quatre départements à la tête desquels se trouvait un grand maître, le comte Maximilien-Henri de Horion revêtu également de la dignité de premier ministre ; un grand maréchal, le baron de Breidbach ; un grand écuyer, le comte de Sedlnitzki et un grand veneur, le comte de Valvasone. Bref, un ensemble de plus de 140 personnes, auxquelles s’ajoutait une compagnie de gardes du corps destinée à assurer sa sécurité et à relever l'éclat de son autorité, préoccupées uniquement du bien-être et de la félicité de leur maître. Ce déploiement de luxe et d’opulence s’inscrivait dans les mœurs princières du temps. A côté de cet aspect fastueux, elle présentait la particularité d’être très cosmopolite, surtout parmi les hauts dignitaires, situation assez répandue dans les Cours allemandes. Mais une telle somptuosité et une telle magnificence réclamaient une plantureuse cassette, exigence bien peu faite pour rassurer un peuple liégeois industrieux et parcimonieux.  Un an plus tard, le 24 décembre 1747, Louis Michel est nommé Adjudant des gardes du corps du Prince-évêque, avec titre et rang de Major par lettres patentes données à MUNICH. Cette charge est agrémentée d'une pension de 400 francs, de la table à la cour, du logement et des fournitures journalières. Pendant tout son règne Jean-Théodore de BAVIERE nomma en effet, et contrairement aux désirs des États de LIEGE, des étrangers aux différentes charges d'officiers de ses gardes(23) .

En février 1748,  son fils Pierre-Louis, reprenant ainsi une tradition familiale, est nommé Lieutenant dans l'artillerie.

Au mois de juillet 1750, son père Michel SURIREY de SAINT REMY voit finalement sa faillite définitivement prononcée et  s'expatrie en AVIGNON.

Le 24 mai 1753, la plus jeune sœur de Louis Michel, Angélique Marie, qui avait épousé en premières noces le Marquis Robert de PIERREPONT, épouse Louis Robert Charles MALET de CRAMESNIL marquis de GRAVILLE (24), ancien lieutenant aux Gendarmes de BOURGOGNE avec lesquels il s'est distingué à la bataille de FONTENOY. Le mariage se termine malheureusement en catastrophe, les feux de réjouissance allumés en cette occasion ayant incendié le château de CRAMESNIL(25) .

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Armoiries familiales sur le fronton du château de Cramesnil

On relève qu'en 1753, malgré sa noblesse, Louis-Michel a bien fixé sa résidence à Namur et doit s'acquitter de la taille. En effet, l'article 9 du règlement des Etats de Namur du 21 février 1739, qui indiquait les conditions nécessaires pour qu'on pût être admis à l'état noble à Namur, imposait notamment de posséder en propre une seigneurie de haute justice, ce dont il était dépourvu. Il est alors imposé de 10 florins 10 sous (soit la 2ème imposition de la rue après le marchand de vin Genotte imposé à 16-16 (l’apothicaire Sizaire, voisin immédiat, est aussi imposé à 10-10, les 46 autres habitants de la rue sont imposés à un peu moins de 3 florins, pour une moyenne de 2 florins pour les habitants imposables de Namur).* Depuis une date incertaine mais postérieure à 1745, Louis Michel  réside rue de la Croix (au n°28-30 de la rue actuelle), paroisse Saint Loup. Il était locataire d’une partie de la maison de François Joseph Grosse, avocat, substitut du procureur général de Namur.*

 

Concert liege 1753

Concert à la cour du Prince-Evêque de Liège en son château de Seraing - Jean Théodore de Bavière est au violoncelle.

(Paul Joseph Dlecloche - 1753 - musée national de Munich)

 

Le 17 mars 1755, Louis Michel tente de faire accepter ses preuves de noblesse auprès du baillage de NAMUR pour être exempté de payer la Taille. Dans le cadre des documents qu'il doit produire et qu'il reproduira encore en 1766, il avait notamment fait attester en avril 1752 des documents relatifs au service de ses frères comme officiers de Dragon par le comte Ferdinand de Berlo de Francdouaire, ancien officier au même régiment de Colonel Général des Dragons et membre de la noblesse namuroise. La signature de celui-ci étant elle-même attestée par son frère Paul Godefroid Comte de Berlo de Frandouaire, évêque de Namur le 10 janvier 1753.

En 1756 (contrat du 18 février), Louis-Michel donne procuration à sa femme pour marier leur fille Madeleine Hilaire à Jean Charles Gabriel CANTINEAU de COMMACRE, lieutenant de messieurs les Maréchaux de France et Juge du point d'honneur de Touraine(26) , demeurant à TOURS paroisse SAINT CLEMENT. Il la dote alors de 50 000 Livres. Les témoins qui signent sa procuration sont: d'une part son fils Pierre Louis et, d'autre part, deux amis sans doute, Philippe Alexandre de SPONTIN comte de BEAUFORT et Thomas François Joseph marquis d'YVE et du Saint Empire, baron de SOYE et de BRANDEMBOURG, vicomte de DINANT, tous deux chambellans de l'Empereur.

En 1759, son beau-frère FREMEUR, qui depuis un an est Gouverneur de MINORQUE, meurt là-bas le 2 avril et est enterré à PORT-MAHON(27) .

La pierre de fremeur 1696 1759Jean Toussaint de LA PIERRE de FREMEUR

En juin, le comte François-Charles de VELBRUCK devient premier ministre du prince-évêque et grand maître du palais; son esprit de conciliation, joint à son crédit auprès du prince et des Etats ainsi que son grand attachement à la couronne de France, faisait de lui le candidat tout désigné pour hériter des charges du comte de Horion, par ailleurs son beau-frère. Velbruck avait fait partie du conseil privé du prince-évêque en 1746. Louis Michel semble ainsi le connaître de longue date comme en atteste une réponse à ce qui devait être une lettre de félicitations adressée au comte. François-Charles de VELBRUCK sera d'ailleurs plus tard à son tour élu au siège épiscopal.

 

Charles de VELBRUCK

 

Le 21 août 1759, en pleine Guerre de Sept Ans et peu après sa participation à la triste bataille de MINDEN, Pierre-Louis quitte l'artillerie pour entrer dans le corps des Grenadiers de FRANCE comme Lieutenant en second. Il y est nommé capitaine le 1er mars 1761.

Suivant de peu son mari, Madeleine Louise de LA PIERRE de FREMEUR, sœur de Louis Michel, meurt le 26 décembre 1762 de la petite vérole. Elle habitait alors rue Pavée dans le Marais, une rue que la famille connaîtra de nouveau près de deux siècles plus tard.

Le 27 janvier 1763, le Prince-évêque Jean-Théodore de BAVIERE meurt. Charles louis d'OULTREMONT lui succède et conserve Louis Michel à son service. 
 
Un an plus tard, le 14 décembre 1764, en l'église paroissiale de METTET (pays de LIEGE), son fils Pierre Louis Capitaine aux Grenadiers de FRANCE  épouse Marie Antoinette Alexis de COEUR, fille de feu Jérôme Simon de COEUR (alias Geronimo Simon de COEUR), chirurgien de la reine d'ESPAGNE, et de Marie Antoinette de HENRY de FAVEAUX, dame de SCRY, dont la famille est établie en pays de LIEGE. Marie Antoinette lui apporte une dot de 50 000 livres, la Seigneurie de Scry ainsi qu'une maison, des terres et des bois à Mettet, le tout représentant une valeur de 120 000 livres environ. Louis Michel et sa femme dotent également leur fils de la somme de 50 000 livres. Le contrat de mariage est passé la veille au château de Mettet par François Destrée, notaire et commissaire de la ville de Fosse. Louis Michel qui habite rue de la Croix à Namur assiste seul au mariage, sa femme étant restée à Paris où elle demeure rue des Francs-bourgeois. La mère de la mariée est également présente, ainsi que le Prine Evêque Charles d'Oultremont et Ignace Stanislas de Henry de Faveaux oncle de la mariée.

Le 28 juillet 1765 en l'église Saint Gervais, Louis Michel marie sa deuxième fille, Marie Louise, qui épouse son cousin germain Jean-Toussaint de LA PIERRE, marquis de FREMEUR, colonel du Régiment d'Angoumois (28) .
 
Au début de l'année 1766, Louis Michel semble éprouver la nécessité de faire reconnaître ses noms et position: le 14 janvier, il fait en effet enregistrer par un notaire un « acte de vie passée par le Sr De Boissy », dans lequel il déclare être « véritablement et réellement Louis Michel Surirey de St Remy », né le 10 octobre 1710, "écuyer, ancien receveur général des finances du Dauphiné", devant deux témoins, Jean Baptiste Ignace Joseph Grosse et Maximilien François Joseph Smet, son domestique, qui déclarent qu’il demeure à Namur « depuis plusieurs années ».* Cette même année, le 17 février « étant à la veille de faire un long voyage dont les événements sont toujours incertains », il prend ses dispositions en cas de mort. Il réside toujours paroisse Saint-Loup.* En avril, il fait attester par les échevins de Namur un acte établi par un notaire parisien en 1754 et récapitulant les pièces faisant état de sa noblesse.
 
Louis Michel se rend en effet peu après en ITALIE accompagné de deux neveux de son ami Philippe-Alexandre de BEAUFORT-SPONTIN qui vont terminer leurs études à l'académie de TURIN. Le voyage prend toutefois un tour tragique lors de la traversée des Alpes. La mule que montait le jeune Charles-Alexandre de BEAUFORT-SPONTIN fit en effet un écart et jeta son cavalier dans le précipice qui bordait la route conduisant de NICE à TURIN. Le jeune homme âgé d'à peine 17 ans est grièvement blessé et, transporté à CONI, y meurt le 21 juin 1766.
 
 
L'année 1769 est marquée par le décès de sa fille Marie Louise qui meurt le 1er avril 1769, puis par la nomination de Pierre Louis au grade de lieutenant-colonel, le 30 décembre, avant qu'il ne se retire à PHILIPPEVILLE près de NAMUR.
 
A cette époque Louis Michel semble avoir séjourné un certain temps à TURIN pour affaires. Il y a fréquenté la cour du roi de PIEMONT et SARDAIGNE dont il est connu, et y a mené des affaires avec la Compagnie anglaise. Il y a noué beaucoup de liens dont il subsiste d'ailleurs une correspondance, avec Louis Claude BIGOT de SAINTE CROIX notamment, secrétaire de l’ambassade de France et manifestement intermédiaire de Louis-Michel pour ses affaires. Au retour de ce séjour, en été 1769, il correspond en effet régulièrement avec TURIN. Il a par ailleurs profité de son voyage en ITALIE pour faire ses pâques à ROME le lundi 20 mars 1769.

De 1769 à 1770 au moins, il correspond ainsi avec Louis-César de CHOISEUL (29) , neveu de l'illustre ministre des affaires étrangères de Louis XV, avec lequel il est manifestement très intime malgré la différence d'âge (celui-ci est né en 1734) et qui connaît la famille à PARIS. Le Baron de CHOISEUL ancien officier, vite parvenu au grade de Maréchal de camp,  commence alors une longue carrière d'ambassadeur à TURIN. Louis Michel semble bien connaître son entourage à TURIN, en particulier M. BIGOT de SAINTE CROIX capitaine de cavalerie et secrétaire de l'ambassade qui lui écrit également. Ce BIGOT de SAINTE CROIX sera plus tard, et pendant quelques jours seulement, le dernier et courageux ministre des affaires étrangères de Louis XVI.

En 1770, Louis Michel  réside toujours rue de la Croix(au n°28-30 de la rue actuelle), paroisse Saint Loup, à NAMUR. Depuis au moins l'année 1766, il était locataire d’une partie de la maison de la veuve François Joseph Grosse (avocat, substitut du procureur général ). Il semble que sa femme réside quant à elle toujours à PARIS: en 1764 elle habitait rue des francs bourgeois Paroisse St Gervais, en 1778 et 1779 l'almanach de Paris atteste qu'elle réside alors rue d'Orléans (actuelle rue Daubenton), et elle habitera ensuite jusqu'à sa mort au 5 rue des Lions Saint Paul, dans le quartier du Marais.

En juillet 1770, sa sœur Angélique Marie, marquise de GRAVILLE, est grièvement blessée dans les bousculades de la place Louis XV (actuelle place de la concorde) qui ont lieu après les illuminations du feu d'artifice tiré en l'honneur du mariage du Dauphin Louis (futur Louis XVI ) et qui causèrent 132 morts. Elle meurt des suites de ses blessures semble-t-il en février 1773.

A cette époque, Louis Michel correspond également avec le Marquis Henri Joseph BOUCHARD d’AUBETERRE, diplomate, maréchal de Camp, fait maréchal de FRANCE en 1782. D'AUBETERRE est en effet son cousin issu de germain par le côté HENAULT (Joseph-Henri Bouchard d'Esparbez, marquis d'Aubeterre, maréchal de France né le 24 janvier 1714, Maréchal de camp (1748), Ambassadeur à Vienne (1752), à Madrid (1757),Lieutenant Général (1758), Ambassadeur au Congrés d'Augsbourg (1761), à Rome (1763), Maréchal de France (1783) et mort le 28 août 1768).

Le 22 octobre 1771 disparaît Charles Louis d' OULTREMONT. Le nouvel prince-évêque de LIEGE est le comte Charles de VELBRUCK que Louis Michel connaît bien. Elu le 16 janvier 1772, il est ordonné prêtre le 26 avril et nommé évêque le 3 mai.

Le 2 juin 1772, Louis Michel perd son père qui meurt à AVIGNON où il s'était exilé après ses déboires financiers. Michel SURIREY de SAINT REMY avait plus de 92 ans ce qui est exceptionnel pour l'époque;  il est inhumé le lendemain en l'église Sainte-Marie-Madeleine de cette ville.

De 1773 à 1776 environ, l’un de ses passe-temps est de se livrer à des expériences de croisement de chiens et de loup avec son ami Philippe Alexandre de BEAUFORT marquis de SPONTIN. Ces expériences sont ainsi l'occasion d'une correspondance avec M. de BUFFON que ce dernier cite dans sa fameuse "Histoire naturelle"(30) . En mars 1776, en particulier il lui communique en effet que sa louve avait mis bas 4 chiots issus d'un chien de la race Couchant-Braque, dont deux seuls ont survécu et ont ensuite été apportés chez le marquis de SPONTIN. La louve a cependant dû être tuée, car elle avait mordu un cocher, mais, à l'exception de l'un d'entre eux qui avait la rétivité du loup, les chiots étaient quant à eux très gentils.

Le château de SPONTIN à 12 km de NAMUR
 
En janvier 1775, il suit ses logeurs et probablement amis, l’avocat Grosse et sa sœur qui ont vendu la maison de la rue de la Croix, et s’installe avec eux  en location rue de Bruxelles,  paroisse Saint-Jean l'Evangéliste, où il demeurera a priori jusqu’à sa mort. La maison est d'ailleurs voisine de celle que loue son ami le marquis de Spontin. A cette date, on relève qu'il vit avec ses 3 domestiques: Ferdinand Pirlot ,de Mettet, Anne Marie Jeancart de Moustier sur Sambre, et Marie Joseph Couvreur, native de Praile.*
 
Le 8 mai 1776, son frère Charles Etienne, le chanoine, décède à PARIS.

Louis Michel décède à son tour à l'âge de 73 ans le 31 octobre 1783 à NAMUR. Il avait rédigé son testament en avril de la même année et l'avait déposé auprès du notaire Maître Jacques Jacquet, son fondé de procuration. Il laisse à ses domestiques un certain nombre de ses affaires et leur constitue une rente viagère de 40 écus Brabant (Monnaie des Pays-Bas autrichiens) partagés pour 33 à sa lingère Anne Marie Jancart, dont 3 destinés à faire dire une messe tous les premiers de chaque mois pour le repos de son âme, un Escalin devant également être donné par elle à la personne qui devra communier au cours de cette messe, 4 écus à son fidèle domestique Ferdinand Pirlot, et 3 à "Petit pot d'agneau". Dans un codicille du 27 octobre, quelques jours avant sa mort, il précise qu'il laisse également de petits souvenirs à Mademoiselle Grosse et à Maître Jaquet. Le reste allant à son fils Pierre Louis (deux portraits du duc de Beaufort notamment) qui est son héritier, sa belle fille et sa petite fille.*
 
De sa fratrie, ne survit alors que son frère Pierre François qui avait quitté le service en 1745 et mourra sans alliance le 29 décembre 1789.

Sa femme Marie Louise lui survivra quelques années et décède à PARIS le 22 novembre 1787, au 5 rue des Lyons Saint Paul où elle habite depuis 1782 environ. Il est alors dit dans son acte de décès que Louis Michel était "écuyer de main" de madame Adélaïde (1732-1800), l'une des filles célibataires de Louis XV, sans que l'on ait d'autre précisions sur cet étonnante information. Leur fils Pierre Louis, dont la femme résidera toujours à Mettet, continuera à habiter régulièrement cette maison rue des Lyons jusqu'à sa mort en 1790.
 
A sa mort, Louis Michel ne semble pas dans une meilleure situation financière qu'à son arrivée à Namur. En effet, en mars 1788, un acte d'émancipation de son petit-fils Armand de La Pierre de Fremeur évoque son renoncement à la succession de Louis Michel "notoirement mauvaise", et seule celle de sa femme Marie Louise fait l'objet d'un partage.

 


Notes:

1. Construit entre 1703 et 1707. Michel en partagea la jouissance avec son oncle puis en devint l'entier propriétaire en 1737. Aménagé en 1994 pour accueillir la maison européenne de la photographie, il a fait l'objet d'une restauration désastreuse pour ne pas dire un saccage scandaleux: l'aile des remises à carosse, bordant la rue de Fourcy a en effet été rasée, et les intérieurs entièrement bétonnés.

2. Son précédent propriétaire Alphonse Hainault de Cantorbe, Trésorier de France au Bureau de la Finance de la Généralité de Montauban fit abattre les vieux bâtiments. Il en fit élever de nouveaux n'ayant d'autres ornements qu'un fronton triangulaire et un péristyle aux colonnes doriques.

3. Le château du Piple fut édifié en 1718, les deux ailes actuelles ont été ajoutées en 1852. Le Maréchal de Saxe fit construire les murs du parc et le corps de ferme.

4. Jean-Baptiste Robert Auget baron de Montyon,  sera ensuite le père du célèbre philanthrope Antoine Jean Baptiste Robert Auget, baron de Montyon (1733-1820)  qui fut d'abord avocat au Châtelet en 1755, puis maître des requêtes au Conseil d'État (1760) et intendant d'Auvergne, de Provence, conseiller d'État en 1775, avant de devenir chancelier de Monsieur, frère du roi.

5. Marie Louise Anne (1728-1799) épousera Michel Bouvard de Fourqueux (1719-1789),  procureur général de la Chambre des comptes puis ministre d'Etat de Louis XVI, et aura pour gendres Jean Charles Philibert Trudaine de Montigny (1743-1777), intendant des finances, membre honoraire de l'Académie des Sciences, et Etienne Maynon D'invau, Contrôleur Général des finances en 1768.  A l'automne 1793, alors qu'elle finit ses jours à MARLY,  elle sera enfermée à la Conciergerie, "pour avoir tenu des conciliabules et assemblées contre-révolutionnaires".

6. Entré aux mousquetaires en 1719, il fut fait capitaine au régiment "Colonel général des dragons" avant d'en devenir mestre de camp le 27 février 1727. Il sera ensuite nommé Brigadier en 1740,  puis Maréchal de camp en 1744 et Lieutenant-Général des armées du Roi en 1748,  et, après avoir été Gouverneur de Montmedy, finira sa carrière militaire comme Gouverneur général de Minorque en 1758. Il se distingua régulièrement tout au long des ses campagnes et fut grièvement blessé lors de l'une d'elles en Alsace.

7. Né en 1685, Germain-Louis de Chauvelin est issu d’une famille de robe originaire du Vendômois. Avocat du roi au Châtelet à dix-neuf ans, conseiller au Grand Conseil en 1706, au Parlement de Paris en 1708, maître des requêtes en 1711 et avocat général à la place de Le Nain. En 1719, lorsque meurt son père, Chauvelin achète à M. de Bailleul sa charge de président à mortier au Parlement de Paris. Il s’attache au cardinal de Fleury après la mort du Régent et devient son homme de confiance. Fleury, principal ministre officieux, lui fait confier les sceaux le 18 août 1727, en lieu et place du ministre Armenonville, et le département des Affaires étrangères six jours plus tard. C'est un ami proche du Président HENAULT avec lequel il était pensionnaire chez les jésuites. C'est par ailleurs un voisin puisqu'il possède le château de Grosbois, à côté de Petitval, de 1731 à 1762.

8. Samuel Bernard, comte de Coubert : (1651-1739) . On a dit de lui qu'il était " le banquier des rois et le roi des banquiers ". Ce titre n'était pas usurpé: à la fin du siècle, Samuel Bernard est sans conteste « le premier et le plus riche banquier de l'Europe », selon l'expression de Saint-Simon. Il est aussi considéré à juste titre comme le premier financier moderne. Samuel BERNARD fait partie du cercle d'amis du Président HENAULT. Son salon est qualifié par celui-ci dans ses mémoires: "une maison de jeu et de bonne chère et le rendez-vous de la meilleure compagnie" où l'on retrouve le "tout Paris".

9. Philibert Orry (1689-1747) Comte de Vignory, Seigneur de La Chapelle-Godefroy. Intendant de 1722 à 1730 puis Contrôleur général des finances de 1730 à 1745 et directeur général des Ponts et Chaussées de France.

10. Achille III de HARLAY Comte de BEAUMONT (1639-1712). Premier président du Parlement de PARIS en 1689, Achille III de HARLAY joua un rôle important dans l'affaire de la légitimation des bâtards de Louis XIV.

11. "Homme d’esprit et de capacité” selon SAINT-SIMON, Louis FAGON (1680-1744) était le fils du Premier médecin de Louis XIV. Intendant des Finances, il entra en 1715 dans le Conseil des Finances de la Régence, sorte de ministère ayant en charge les affaires domaniales et fiscales. L’homme fut un administrateur efficace. Il fut également un mécène somptueux. Il possédait une maison à PARIS, rue Neuve-des-Petits-Champs, des résidences à VERSAILLES et FONTAINEBLEAU, une maison de campagne à FONTENAY-Aux-ROSES (qualifiée de “bourgeoise” par MARIETTE) et, seul vestige subsistant de ces fastes, le château de VORE dans le PERCHE, acquis en 1719 au marquis de JAVERLHAC, qui lui-même l’avait acheté cinq ans plus tôt aux VILLERAY de RIANT, maîtres des lieux depuis la fin du XVIe siècle.

12. Marié à Alexise MANSARD

13. La charge de Grand Audiencier, est donnée à l'un des principaux Officiers de la Chancellerie de FRANCE, qui fait rapport au Chancelier des Lettres de grâce, de Noblesse, etc.. Il y a deux Grands Audienciers.

14. Charles-Henri de MALON de BERCY (1678-1742), gendre du Contrôleur Général des Finances DESMARETZ, et neveu de COLBERT.

15. Henry François de BOMBELLES, officier d'infanterie, futur lieutenant-général, avait loué à Pierre de SURIREY de SAINT REMY, grand-père de louis Michel, une grande  maison dans le village de LIMEIL près de VILLENEUVE ST Georges, et avait ensuite épousé en 1718 sa veuve Marie Suzanne Françoise née LE ROUX de RASSE.

16. Claude LE BAS de MONTARGIS, Marquis du BOUCHER-VALGRAND, Seigneur de VANVES greffier de l'Ordre du Saint Esprit en février 1716. A VANVES, la "maison des champs" la plus fameuse est celle qu'il fit bâtir en 1698 par Jules HARDOUIN-MANSART. Ce château qui abrite aujourd'hui l'administration du Lycée MICHELET fut acquis ensuite en 1717 par l'un des plus puissants personnages du royaume: Henri-Louis de Bourbon, prince de Condé. Il est allié au président HENAULT dont la femme est Catherine Henriette LE BAS de MONTARGIS, petite fille de Jules HARDOUIN-MANSART.

17. Epoux de Marie Hénault, sœur de François Hénault. Il fut mousquetaire en 1708, capitaine dans le régiment de cavalerie d'Aubeterre en 1709, où il fit les campagnes de Flandres et du Piémont. Il eut les grades de capitaine lieutenant des Gendarmes du Dauphin en 1713, de lieutenant-général à la date du 30 décembre 1713, de la Saintonge et de l'Angoumois. Devenu maréchal de camp en mars 1738, il se démit en 1747 de sa lieutenance générale en faveur de son fils.

17 bis. Marie LE NEVEU de BEAUVAL est la fille de Pierre LE NEVEU de BEAUVAL et Elisabeth HENAULT, soeur du Président Jean-Rémy HENAULT et de Marie-Madeleine HENAULT, grand-mère de Louis-Michel Surirey de Saint Remy.
 
18. Né à PARIS, le 8 février 1685, il est le fils de Jean Remy HENAULT dont la soeur avait épousé le grand-père de Louis Michel.  Elève des jésuites, il entra en 1700 comme novice dans la congrégation de l'Oratoire pendant deux ans. Il devint ensuite lieutenant des chasses dans la capitainerie de CORBEIL, puis en 1705 devint conseiller au Parlement de PARIS, et en 1710 président de la Première Chambre des Enquêtes. Liés avec les principaux esprits de son temps, fréquentant les soupers fins où il déclamait des vers galants et chantait ses chansons. Président au Parlement de PARIS, surintendant de la maison de la reine, il fut l’ami de Mmes de LAMBERT, de BRANCAS, Du DEFFAND, du non moins célèbre FONTENELLE mais également de VOLTAIRE, et le protecteur des gens de lettres qu’il recevait libéralement à sa table. On l’appelait « le président ». Lauréat des Jeux Floraux et de l’Académie française, il eut le prix d’éloquence en 1707 et un accessit en 1709. Il était aussi assidu à la cour de SCEAUX où régnait la duchesse du MAINE. Il fut reçu à l'Académie française en 1723. Son œuvre littéraire est dès plus variée, mais son grand succès fut son Abrégé chronologique de l'histoire de FRANCE qui ne connut pas moins de huit rééditions du vivant de son auteur. Admirateur et disciple de FONTENELLE. Il fut hostile à la candidature de d’Alembert, reçut le président BOUHIER, et fit partie de l’Académie des Inscriptions, de l’académie de Nancy et de plusieurs académies étrangères. HENAULT fut très discuté par VOLTAIRE, COLLE, GRIMM. Il a laissé deux tragédies sous les pseudonymes FUZELIER et de CAUX, un Abrégé chronologique de l’histoire de FRANCE, des poésies légères et des chansons. Il est mort le 24 décembre 1770.

19. Il y a en FRANCE 48 charges de receveur général des finances pour 24 réceptions.

20. Neutre dans les conflits européens de la guerre de Succession d’Autriche et de la guerre de Sept Ans, Liège aura pourtant à souffrir cruellement des maux et des calamités engendrés par ces deux conflagrations, les belligérants ne respectant ni le droit des princes ni la paix du peuple. Victime par deux fois d’affrontements sanglants – Rocourt et Laeffelt – le pays devra subir à plusieurs reprises, à côté de la vindicte de la soldatesque, le lourd fardeau des quartiers d’hiver avec son cortège de malheurs et de misères. Ainsi, il sera livré, de 1746 à 1748, aux Impériaux qui se comportèrent comme en territoire ennemi. Au lendemain du renversement des alliances, la principauté deviendra une base de ravitaillement pour les armées fleurdelisées avant d’être totalement satellisée par la France. La fin des hostilités entre Marie-Thérèse et Louis XV va permettre aux Liégeois de bénéficier d’un répit certes précaire mais combien précieux car, pour les grandes puissances la paix n’est jamais qu’un bref intermède avant de nouvelles conquêtes. Pourtant, cette quiétude retrouvée ne signifie pas pour autant la fin des luttes d’influence. Durant cet entracte, diplomates et courtisans vont se livrer une bataille sans merci pour s’efforcer d’attirer le cardinal de Bavière, un être faible et débonnaire, dans l’orbite de Versailles ou de Vienne. Factions et cabales se donnent également libre cours pour s’emparer des rênes du gouvernement, face à un souverain, si l’on excepte un fugace instant d’indépendance, plus qu’indifférent.

21. Un article de Daniel JOZIC, paru dans le Bulletin de Dexia Banque 54e année, n° 212, 2000/2, pp. 89-98 et intitulé "La Cour épiscopale de LIEGE à l'avènement de Jean-Théodore de BAVIERE (1744-1745)", le mentionne comme un des 4 gentilshommes de bouche, qui étaient aussi des officiers (jeunes) des troupes du Prince (Paul-Amédée de PICHARD de LUCILLY, Wollf-Maximilien de BUCHWALD, Charles-Eleonor DEFRISCHE). Ces 4 hommes de bouche, sévèrement triés sur le volet,  chargés d'assurer journellement le service de table du prince relevaient du département du grand maréchal. "Composé de plus de quarante personnes, ce département avait pour tâche principale de concourir à l'exacte ordonnance de la table du souverain depuis le repas le plus modeste jusqu'au festin le plus somptueux".

22. Le propriétaire d'alors, Joseph Hénault de Montigny, oncle de Louis Michel, offrit en effet la jouissance de la propriété à Maurice de Saxe (1696-1750), fils de l'électeur de Saxe Auguste II, passé au service du roi de France. Maurice de SAXE habite LE PIPLE de 1745 à 1750. 

23. D'après Eugène POSWICK qui semble se fonder sur un registre des gardes du corps qui était conservé, à l'époque, au château d'EYSDEN, dans l'actuelle province hollandaise de LIMBOURG (POSWICK, "Histoire des troupes liégeoises pendant le XVIIIe siècle", Liège, 1893).

24. Louis-Robert de Malet, marquis de Graville, fils de Louis Robert MALET de GRAVILLE, chevalier des ordres du roi, lieutenant-général des armées, ancien inspecteur général de cavalerie et de dragons, commandant en ROUSSILLON en 1753, et de Madeleine BOUTON de CHAMILLY (née en 1697).

25. Le château, reconstruit après le désastre, est situé en SEINE MARITIME et appartient actuellement à la famille DOUET de GRAVILLE. Sur le fronton de la façade figurent encore en bonne place les armoiries SURIREY de SAINT REMY et MALET de GRAVILLE.

26. Les maréchaux formaient un tribunal ou juridiction appelée connétablie et maréchaussée de FRANCE. Le tribunal des maréchaux de FRANCE était appelé également tribunal du point d'honneur, parce qu'il constituait une juridiction militaire chargée de statuer sur les satisfactions et réparations à accorder dans les litiges entre gentilshommes sur un point d'honneur. Pour instruire ces sortes d'affaires, il y avait auprès du gouverneur général militaire de chaque province des officiers délégués sous le titre de lieutenants des maréchaux de FRANCE.

27. Une plaque est apposée sur son tombeau avec cette épitaphe:" CY GIST HAUT ET PUISSANT SEIGNEUR JEAN TOUSSAINT DE LA PIERRE MARQUIS DE FREMEUR, SEIGNEUR DE KERMADIO ROSNERHO, PENDRET ET AUTRES LIEUX SITUES EN BRETAGNE CHEVALIER DE L´ORDRE ROYAL ET MILITAIRE DE ST LOUIS, LIEUTENANT GENERAL DES ARMÉES DE LA MAJESTÉ TRES CHRETIENNE. GOUVERNEUR DE MONTMEDY, COMMANDANT POUR LE ROY, DANS L´ISLE DE MINORQUE OU IL EST DECEDÉ  LE 2 AVRIL 1759 DANS LA 62EME ANNÉE DE SON AGE CE MARBRE A ETÉ POSE PAR LES ORDRES DU ROY LOUIS QUINZE POUR CONSERVER ET HONORER LA MEMOIRE D´UN SUJET VERTUEUX ET FIDELE "

28. Il sera Brigadier des armées du roi en 1770, colonel du régiment de ROUSSILLON Infanterie en 1774, , puis Maréchal de camp en 1780.

29. Louis-César de CHOISEUL, neveu de l'illustre ministre des affaires étrangères de Louis XV, est né le 6 juin 1734. Il épousa la fille unique du propriétaire du Château de SERMOISE, Marie Girard de VANNE.
D'abord attiré par le métier des armes, Monsieur de CHOISEUL fut lieutenant des gendarmes dauphins, puis maréchal de camp des armées du Roi.
Il s'orienta ensuite comme son fameux oncle vers la carrière diplomatique et fut nommé ambassadeur de FRANCE à TURIN auprès du Roi de PIEMONT-SARDAIGNE. Il s'agissait là d'un poste très important, compte tenu des liens familiaux et politiques très étroits unissant la FRANCE et le PIEMONT-SARDAIGNE qui incluait alors NICE et la SAVOIE.
Le baron de CHOISEUL occupa ce poste pendant plus de vingt ans avec succès. La Révolution mit fin à sa mission.
D'esprit ouvert, le baron de CHOISEUL accueillit avec bienveillance, et habileté, les idées nouvelles. A son retour de TURIN en 1792, il rentra au château de SERMOISE, où il ne fut pas inquiété par les révolutionnaires, à l'exception d'une courte période durant laquelle il dut se cacher au château de SANCERRE.
La correspondance diplomatique du baron de CHOISEUL occupe plus d'une dizaine de gros volumes reliés, conservés à la bibliothèque du Ministère des Affaires Étrangères à PARIS, ce qui démontre l'importance du rôle rempli par l'ambassadeur de France.
Le baron Louis-César de CHOISEUL était commandeur des ordres royaux, militaires et hospitaliers de Notre Dame du Mont Carmel et de Saint Lazare.

30. BUFFON - "Histoire naturelle", Chap. "Les animaux domestiques", § "du chien".
 
* Informations recueillies aux archives de la ville de Namur par monsieur André-M Goffin.
 

 
 
 
 

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