Pierre François SURIREY de SAINT REMY (1704-1789)

         

 

          Pierre François, né à PARIS le 4 octobre 1704, est l'aîné des sept enfants issus du mariage de Michel SURIREY de SAINT REMY avec Marie Louise VACHEROT.

          Le 2 novembre 1728, à l'age de 24 ans, il entre comme Sous-lieutenant dans "Colonel Général des Dragons" (SHAT YB 130 , YB 814 et XC 62), le régiment de son beau-frère Jean-Toussaint de LA PIERRE, marquis de FREMEUR, que sa sœur Madeleine Louise, a épousé  le 24 septembre précédent. Jean-Toussaint est en effet le Maistre de camp propriétaire de ce glorieux régiment depuis le 27 février 1727, après y avoir été capitaine depuis le 21 août 1721; il sera plus tard Maréchal de camp puis Lieutenant-général des armées du Roi.

Col gal des dragons

Le Regiment Colonel General à la Bataille de Rheinwiller en septembre 1743  (Eugène Leliepvre)

 

Les places d'officier de dragons sont à l'époque très prisées et réservées soit aux fils des grandes familles soit aux gens fortunés, Pierre François entrant plutôt dans cette seconde catégorie.  Son frère cadet André Louis, qui apprend le métier des armes dans la compagnie des Cadets gentilshommes de la citadelle de METZ depuis le 28 mars 1727, l'y rejoint à son tour le 10 mars 1729 pour être Cornette (jeune officier chargé en campagne de porter et garder l'étendard d'une compagnie de cavalerie) à la "compagnie générale" du régiment.

Le 19 octobre 1731, il est nommé subrogé tuteur des enfants de sa cousine issue de germain Marie Leneveu de Beauval et de Germain Boffrand, son mari, le célèbre architecte de cette première moitié du XVIII° siècle.

Le 7 septembre 1733, Pierre François reçoit une commission pour tenir rang de capitaine. Il figure comme commandant de compagnie sur un état fait à Paris du 10 mars 1734. Le 9 mars 1735 il reçoit officiellement le commandement d'une compagnie. Il doit donc en acquitter le prix, alors parmi les plus élevés de l'armée royale, hors la maison du roi, puis surtout doit l'entretenir à ses frais. En effet, tout capitaine reçoit alors chaque quinzaine, en principe, la "subsistance" de sa compagnie (officiers et troupe), mais celle-ci ne suffit pas toujours; de plus, le recrutement des hommes est quant à lui entièrement sur sa bourse, sachant qu'il a le devoir impératif, et par ailleurs délicat, de combler à chaque fois les vides régulièrement créés par les réformes, les désertions et la maladie, qui sont alors monnaie courante. On peut d'ailleurs noter dans les contrôles de troupe du régiment (SHAT/ Y4C 21-27), qu'il recrutera en bonne partie ses hommes dans le berceau familial, en NORMANDIE et plus précisément aux alentours de SAINT-REMY SUR ORNE.

     En 1733, le régiment est au siège de KEHL, en face de STRASBOURG; au siège de PHILISBOURG et aux combats d'Eidingen et de Klausen, en 1734, et à l'armée du RHIN en 1735. Pierre François et son frère sont tous les deux capitaines au cours de cette campagne, comme en atteste plus tard le comte de Berlo de Franduaire, également capitaine à Colonel Général des Dragons à cette époque.

Le 31 mars 1736, son jeune frère André Louis, passé Sous-lieutenant depuis, meurt âgé d'à peine 24 ans.

Le 1er janvier 1740, leur beau-frère FREMEUR est nommé Brigadier et rejoint avec le régiment l'armée du BAS-RHIN du Maréchal de MAILLEBOIS.

En 1741, la Guerre de Succession d'AUTRICHE met alors le Royaume de FRANCE aux prises avec Marie-Thérèse d'AUTRICHE et ses alliés, l'ANGLETERRE et les PAYS-BAS. Le Maréchal de MAILLEBOIS est chargé d'envahir le HANOVRE avec 300 000 hommes et le Maréchal de BELLE-ISLE se dirige vers la BAVIERE et la BOHEME avec 40 000 hommes. Le régiment " Colonel général des Dragons" fait partie de la seconde division des troupes de MAILLEBOIS qui part de SEDAN le 31 août 1741 en direction de la WESTPHALIE où il passe l'hiver. Il se distingue dans la défense d'Eggenfeld. En août 1742, le régiment marche sur la BOHEME. BELLE-ISLE est en effet assiégé dans PRAGUE avec ses troupes. Mais, la situation de BELLE-ISLE étant cependant sans espoir, le corps de MAILLEBOIS fait demi-tour avant d'atteindre PRAGUE. Le régiment passe ainsi l'hiver suivant à EGGENFELS sous les ordres du Prince de CONTI et s'y distingue particulièrement. En juillet 1743, le régiment rentre en FRANCE pour participer à la défense de la Haute ALSACE aux ordres du Maréchal de COIGNY; une armée anglo-hanovrienne est en effet descendue des PAYS-BAS pour faire jonction avec les troupes autrichiennes et vient de battre le maréchal de NOAILLES à DETTINGEN, le 23 juin.  Début septembre, la tentative de franchissement du Rhin par les Autrichiens est bloquée dans la région de Vieux-Brisach et le régment se distingue particulièrement à Rheinweiler près de Mulhouse. A partir du mois de novembre, le régiment est déployé à STRASBOURG.

Le 13 avril 1744, FREMEUR est nommé Maréchal de camp et se démet du régiment dont il quitte le commandement. Le 23 août suivant, il sera blessé sérieusement lors de l'attaque du village de SUFFELSHEIM. Il continuera cependant sa carrière militaire et sera nommé Lieutenant-général des armées du Roi en 1748.

En 1744 la campagne reprend aux ordres du Maréchal de Saxe dans les FLANDRES.  Sur le contrôle de troupe signé à Strasbourg le 12 mai 1744, Pierre François figure toujours parmi les commandants de compagnie.

Il quitte finalement le régiment en 1745, après 17 années de services et de nombreuses campagnes pour lesquelles il a reçu la croix de chevalier de l'ordre royal et militaire de SAINT LOUIS, et s'installe à PARIS dans le quartier du MARAIS où la plupart des membres de sa famille se trouvent alors.

En 1749 il habite ainsi rue des FRANCS BOURGEOIS, paroisse ST GERVAIS.

Le 15 juillet 1749 il complète sa pension de chevalier de ST LOUIS par un contrat de constitution de rente auprès de la Compagnie des INDES qui lui assure un revenu supplémentaire de 500 livres. Il y associe comme bénéficiaire en cas de décès son ami de PIERREPONT avec lequel il réside semble-t-il et qui habitera d'ailleurs encore chez lui au moment de son décès.

Une dizaine d'années plus tard, le 19 octobre 1759, Pierre François acquiert par bail à vie auprès de Raymond Le Chien, maître menuisier et bourgeois de Paris, un terrain au 22 rue BONDY, paroisse SAINT LAURENT, où il fait construire une maison. La rue de BONDY se trouve alors dans un quartier neuf du faubourg SAINT ANTOINE où la société parisienne fait construire de nouveaux hôtels. Le 22 rue de BONDY est devenu depuis le 28 de la rue René BOULANGER  située dans l'actuel Xème arrondissement. C'est là que Pierre François passera le restant de ses jours. Entre temps, la propriété de la maison a échu à une fille de Raymond Le Chien mariée à un certain BOSSU.

Quoique célibataire, il ne vit pas seul, car outre une domesticité non négligeable, il semble avoir toujours été entouré par des amis qu'il héberge chez lui. Pendant un temps il abrite ainsi un ami peintre du nom de PETIT, et une mademoiselle ROBERT qui épousera vers 1788 son ami PIERREPONT qui lui-même habite avec Pierre François.

          L'inventaire de sa maison effectué lors de son décès, témoigne d'un intérieur confortable et raffiné où meubles en marqueterie et dessus de marbre côtoient fauteuils recouverts de soieries, rideaux et tentures de damas; où chaque pièce est agrémentée de grandes glaces à trumeau aux ornements de bois doré et sculpté, et décorée de peintures et portraits de famille. Les remises et écuries contiennent deux chevaux, une berline et un cabriolet. L'inventaire fait état de 10 tableaux, dont 2 grands de forme carrée, qui sont des portraits de famille, ne font donc pas partie de la prisée et sont par testament au marquis de Fremeur (leur sort a depuis longtemps été perdu de vue).

On retrouve Pierre François le 9 février 1761, avec sa tante Suzanne Françoise Le Riche née Surirey, comme témoins au mariage* d'Adrien Nicolas de LA SALLE de CARRIERES, capitaine de Dragons également, et de Suzanne Françoise GOBELINS d'OFFEMONT. Françoise est une de ses cousines à la mode de Bretagne; en effet, elle est la fille de Nicolas Louis GOBELINS d'OFFEMONT et de Françoise de BOMBELLE, elle-même fille du Lieutenant Général Henri de BOMBELLE et de Marie Suzanne Françoise LE ROUX de RASSE qui fut la seconde femme de Pierre de SURIREY de SAINT REMY, grand-père de pierre François. Ils y côtoient sur le papier rien moins que toute la famille royale qui a signé le contrat de mariage la veille. Cet Adrien Nicolas marquis de LA SALLE (1735-1818), et plus tard comte D'OFFEMONT, devint ensuite  Maréchal de Camp; il fut sous la République Gouverneur de SAINT DOMINGUE puis Général de Division; franc-maçon notoire appartenant à la Loge « Saint Jean d'Ecosse du Contrat social » puis à celle des « Neufs Sœurs », il fut cependant plus connu pour ses talents d'écrivain comme romancier et auteur dramatique.

             Pierre François meurt des suites de maladie le 29 décembre 1789, toujours célibataire, chez lui, où demeurent encore son ami Jean Pierre de PIERREPONT et sa femme, mademoiselle ROBERT. Y résident également un premier laquais du nom de Louis Eloy FESSARD, à son service depuis mai 1777, un second laquais Nicolas MARTIN à son service depuis février 1784, son cocher Nicolas SEGUIN et sa femme Claudine LECLERC, cuisinière.

 

              Dans son testament, il témoigne de ce que sa vie lui a donné de simples satisfactions:

" Je n'ay jamais regretté pendant ma vie de n'être pas riche et j'ay toujours été content de mon sort; je l'aurois désiré à ma mort pour en donner des marques à tous mes parents, que j'ay toujours tendrement aimé et dont j'ay eü lieu de me loüer, à mes amis et à tous ceux qui m'ont été attachés".

A son décès, sont présents ses neveux Pierre-Louis, Lieutenant-colonel aux Grenadiers de France, aïeul des SAINT REMY actuels qui habite également le quartier du MARAIS, et qu'il fait son légataire universel, son neveu Jean-Toussaint de la Pierre de FREMEUR, fils de sa soeur, devenu Maréchal de camp comme son père, qui réside place LOUIS XV et qu'il a désigné comme exécuteur testamentaire.

            Pierre François est enterré dans la chapelle du cimetière SAINT LAURENT, dans sa paroisse. Il avait demandé qu'ensuite cent messes soient dites pour le repos de son âme au couvent des RECOLLETS en face de SAINT LAURENT.

 

***

* Extrait du contrat de mariage Gobelin d'Ofémont/ La Salle (Généalogie de La Salle- 1774 : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb364050750) dans lequel ne figure toutefois pas Pierre François:

"Contrat de mariage passé le 8 février 1761 au Château de Versailles : à l’égard de Sa Majesté, de la Famille Royalle, Princes & Princesses du Sang ; M. le Duc de Choiseul, M. le Comte de Saint-Florentin, & M. le Marquis de Voyer d’Argenson ; & à l’égard des Parties contractantes & des parens & amis, en leurs demeures, le 9 Février audit an, devant Me Regnault qui en a la minutte, & son Confrère, Notaire au Châtelet de Paris, signée d’eux, entre Messire Adrien Nicolas de la Salle, Chevalier, Capitaine de Dragons au Régiment de Thianges, majeur, fils de Messire Antoine de la Salle, Chevalier, Seigneur de Carrières, Badouville, Broué, Mousson, Moisel & autres lieux, & de Dame Marie Nicole Catherine Roslin, son épouse, ses père & mère, d’une part ; Damoiselle Anne Suzanne Françoise Gobelin d’Offémont, Damoiselle, fille mineure de deffunt Messire Nicolas Louis Gobelin d’Ofémont, Marquis d’Offémont, Chevalier de l’Ordre Royal & Militaire de St. Louis, ancien Capitaine dans le Régiment de Condé, Infanterie, & de Dame Marie-Françoise de Bombelles, sa veuve, ses père & mère, d’autre part, en la présence & du consentement des Seigneurs & Dames leurs parens & amis cy-après nommés, savoir ; du côté dudit Seigneur futur époux, de Dame Margueritte de la Salle, tante paternelle, épouse de Messire Réné de Vion, Seigneur de Tessancourt & autres lieux ; Messire Simon Claude Grassin, Chevalier, Vicomte de Sens, Seigneur de Mallet-le-Roy, Chevalier de l’Ordre Militaire de St. Louis, Gouverneur de la Ville & Citadelle de St. Tropès, Maréchal des Camps & Armées du Roy, & Dame Margueritte Françoise Geneviève de Vion de Tessancourt, son épouse, cousine germaine paternelle ; haute & puissante Dame Dame Marie-Thérèse Nicole Midorge, épouse de haut & puissant Seigneur François Joseph, Comte de Hallvyl, Brigadier des Armées du Roy, & Colonel d’un Régiment Suisse de son nom, cousine paternelle ; haut & puissant Seigneur Messire Nicolas François Midorge, Chevalier, Conseiller du Roy en ses Conseils, Maître des Requêtes Ordinaire de son Hôtel, & haute & puissante Dame Dame Marie Françoise Dugué de Bagnolle, son épouse, cousins paternels ; Dame Jeanne Marie de Beaufort, veuve d’Edme Joseph Roslin, Escuyer, Conseiller Secrétaire du Roy, Maison-Couronne de France & de ses Finances, grande-tante maternelle ; Dame Anne Claude Magneaud, épouse de Messire Emmanuel Louis Auguste de Pons-Saint-Maurice, Lieutenant-Général des Armées du Roy, cousine issue de germaine maternelle ; Dame Marie Elisabeth Roslin , veuve de Messire Gaspard François Le Gendre, Conseiller au Parlement, Président en la Chambre des Comptes ; Dame Françoise Marie Le Gendre, épouse de Messire Antoine Jean Amelot, Maître des Requêtes, Président au Grand Conseil ; Dame Anne Marie Edme Le Gendre, épouse de Messire Jean Nicolas Dufort, Introducteur des Ambassadeurs ; lesdits Seigneurs Comte de Pons-Saint-Maurice ; Sieur Président Amelot ; ledit Sieur Dufort ; Jean Baptiste Paulin Hector Edme Roslin, Escuyer, l’un des Fermiers Généraux de Sa Majesté ; Messire Paul Etienne Charles Mayneaud, Chevalier, Conseiller du Roy en la Grande-Chambre du Parlement ; Messire Edme Louis Mayneaud, Conseiller au Parlement, & Messire François Gaspard Mayneaud, Capitaine de Dragons, tous cousins & cousines maternels ; haut & puissant Seigneur Charles Gabriel de Nague, Chevalier, Marquis de Varennes, Baron de Belleroche, Mestre de Camp de Cavalerie, premier Cornette de la Seconde Compagnie des Mousquetaires de la Garde du Roy, cousin ; & haute et puissante Dame Dame Adélaïde Louise du Hamel, Dame du Marais Vernier, son épouse ; & de la part de laditte Damoiselle future épouse, de Messire Antoine Gobelin, Comte d’Offémont ancien Conseiller du Parlement de Paris, oncle paternel ; Messire Joseph Henry, Comte de Bombelles, Chevalier de l’Ordre Royal & Militaire de St. Louis, & des Ordres Royaux & Hospitaliers de Notre-Dame du Mont-Carmel & de St. Lazare de Jérusalem, Colonel d’Infanterie, Ayde-Major du Régiment des Gardes-Françaises, & Gentilhomme de S.A.S. Monseigneur le Duc d’Orléans, oncle maternel ; Jean-François le Riche, Escuyer, cy-devant Conseiller du Roy, Greffier en chef du Bureau des Finances & Domaines de la Généralité d’Amiens, & Dame Suzanne-Françoise Surirey de St. Remy, son épouse, tante maternelle ; très haut & très puissant Seigneur Charles Eugène Gabriel de la Croix, Marquis de Castries, Gouverneur des Ville & Citadelle de Montpellier, Ville & Port de Cette, Lieutenant-Général des Armées du Roy, Mestre de Camp Général de la Cavalerie Légère de France & Etrangère ; Mgr Emmanuel de Croy, Prince de  Solve & du St. Empire, Lieutenant Général des Armées du Roy, & Chevalier de ses Ordres ; & Messire Louis de Conflans, Marquis d’Armentières, Lieutenant Général des Armées du Roy, Chevalier de ses Ordres, commandant des Trois Evêchés, amis.

Extrait & collationné par nous Ecuyer, Conseiller-Secrétaire du Roi, Maison-Couronne de France & de ses Finances.
Le Méteyer ."

 

Créer un site internet avec e-monsite - Signaler un contenu illicite sur ce site