Richard SURIREY

On sait que Richard Surirey a plus de 25 ans, lorsqu’il accède à son office d’huissier-sergent à cheval en novembre 1649. Il est donc né avant 1624, et très probablement à Saint Remy dans le Calvados. En 1749, le roi Louis XIV n'a encore que 11 ans et nous sommes encore sous la régence d'Anne d'Autriche dont le principal ministre est le cardinal Mazarin. Depuis un an, le pays est entré dans une crise qui va durer cinq années et que la postérité a baptisé la Fronde. Cette crise a commencé avec une révolte du Parlement consécutive à la création de nouvelles charges de maître des requêtes dévaluant de fait celles existantes et s'est poursuivi avec celle des Grands du royaume.

Richard a épousé vers 1645 ou avant Marquise DUPUIS, fille de feu Philippe DUPUIS, greffier à Bourdonné et tabellion à Gambais, décédé le 4 avril 1631, et feu Jehanne CASTEL, décédée en 1616.

Le ménage à un premier enfant, Pierre, né à Saint Remy vers 1645, puis une fille Denise Renée en 1646, et trois autres enfants dont seule Antoinette, plus tard religieuse de la communauté de l'Union Chrétienne en l'hôtel de Saint-Chaumond à Paris, nous est connue.

Le 28 octobre 1648, Richard SURIREY rachète à Antoine BOSCHERON un office d’huissier-sergent à cheval du Châtelet de Paris. Les huissiers à cheval sont des auxiliaires de justice chargés de l'exécution les décisions prises par la juridiction du Châtelet de Paris dont la compétence s'étendait à l'ensemble du royaume. Outre l’achat de l’office, ils doivent faire preuve de moralité et prêter serment. Au XVIIème siècle, le roi les autorise à porter une arme pour exercer leur fonction.

Lors de l’acquisition de sa charge, il est défini comme praticien, c’est-à-dire homme de loi, et réside à Paris, rue de Paradis, paroisse Saint-Jean en grève. Pour s’acquitter des 1700 livres tournois correspondant au prix de l’office, qu’il paye en louis d’or et d’argent, il a dû emprunter pour cela 1000 livres à noble homme Messire Pierre de La Croix conseiller secrétaire du roi, receveur général des finances à Paris. La somme est conséquente quand on sait qu’à cette époque le salaire journalier d’un ouvrier était d’environ 100 livres par an, qu’une famille pouvait vivre bourgeoisement avec 1000 à 2000 livres par an et que la location d’une maison à Paris représentait environ 300 livres par an.

Les postulants à cet office devaient être âgés au minimum de 25 ans, être Français, laïcs et de religion catholique. Mais surtout, l’achat d’une telle charge nécessite de disposer d’un bon réseau de notables ou membres de la corporation judiciaire permettant d’accéder à la possibilité de racheter un office résigné. On en déduit que Richard devait déjà être installé à Paris depuis quelques temps et évoluer, comme la fonction de son beau-père l’atteste, dans le milieu des hommes de loi.

La confrérie des huissiers-sergents à cheval du Châtelet de Paris, dont la création est accordée en 1407 par Charles VI, est la plus ancienne des confréries d’huissiers. Ces huissiers officiant dans tout le royaume jouissent de ce fait du privilège de choisir leur lieu de résidence. Il n’est donc pas certain que Richard ait résidé à demeure à Paris. La naissance de Pierre à Saint Rémy tendrait à le démontrer.

Le 12 novembre 1649 il reçoit les lettres de provision d’office qui lui permettent d’exercer et, le 19 novembre, il prête donc le serment accoutumé « de bien et fidèllement exercer ladite charge, garder et observer les règlements et ordonnance de police » puis est reçu dans son office avec droit de «jouir d’iceluy et exercer aux honneurs, auctoritez, prérogatives, prééminences, franchises, gaiges, droicts, fruicts, profits, revenus et esmoluments » attachés à celui-ci. A cette occasion, les témoignages de moralité requis sous serment sont présentés par Jean Dubois, bourgeois de Paris, demeurant rue des Quatre Fils, âgé de quarante-deux ans, et Robert Surirey, âgé de vingt-trois ans, assez probablement un jeune frère de Richard. Robert, qui réside rue de Givry, paroisse Saint-Nicolas des Champs, est alors secrétaire d'Etienne de Marguenat, seigneur de Courcelles, un maître des comptes à la chambre des comptes de Paris. Ces derniers attestent ainsi « bien cognoistre Richard Surirey pour l’avoir vu beaucoup de fois assister au service divin et être de bonne vie et mœurs, conversation, religion catholique, apostolique et romaine, et est très affectionné au service de sa majesté ».

A la réception de son office, Richard doit également déposer une caution qui servira aux éventuels paiements dommages et intérêts revenant aux parties qui pourraient subir des préjudices dus aux négligences ou fautes qu’il pourrait commettre dans l’exécution de son service.

Plus tard, à une date non encore précisée, Richard résignera sans doute cet office pour devenir commis à la Recette générale des finances. Il aura été depuis reconnu bourgeois de Paris ce qui atteste de son installation définitive dans la capitale.

En 1749, Robert SURIREY, bientôt SURIREY de MONTAUVAL, très probablement son frère, est également établi à Paris. Il est en effet secrétaire d'Etienne de Marguenat seigneur de Courcelles, maître des comptes à la chambre des comptes de Paris.

Par le testament de son beau-frère Philippe DUPUYS, marchand de vin établi à St Germain-en-Laye, on sait que Richard est mort avant juillet 1662, laissant cinq enfants auxquels Philippe lègue 2000 livres. Dans ce testament, Philippe rappelle avoir emprunté et devoir à sa sœur la somme de 1300 livres, ce qui atteste donc d’une certaine aisance financière de la famille que confirme l'abandon de ses droits à succession qu'elle fait ultérieurement à la veuve de son frère.

Marquise ne semble pas s’être remariée puisqu’à sa mort, le 31 août 1687, elle est inhumée dans l’église de Saint Remy sans mention d’un autre mariage. Ce lieu d’inhumation comme le mariage de leur fille Denise semble établir qu’elle avait manifestement quitté définitivement Paris pour revenir aux racines familiales de son mari. Elle avait semble-t-il depuis longtemps abandonné ses racines dans les Yvelines, ayant cédé entre 1632 et 1635 tous les biens (terres et habitation) dont elle avait hérité de son père.

Leur fils aîné Pierre est l’aïeul de la famille actuelle. Leur fille Denise Renée, épouse en 1684 à Saint Rémy, un autre normand, Pierre de Clinchamps, écuyer, fils de Jacques des Aulnes de Clinchamp et de Françoise des Buats. Ces Clinchamps sont bien implantés dans la paroisse. Françoise, une soeur de Pierre épouse en mars 1696 à Saint Remy, Guillaume Certain, sieur du Taillis, de la paroisse de Beauficel. Elle décédera le 2 mai 1751 à son tour, également à Saint Remy où elle semble avoir demeuré avec son mari car elle y a donné naissance à ses enfants et que l'un et l'autre sont régulièrement cités dans des actes locaux. Ce mariage à une famille de petite noblesse locale montre que la famille avait certainement acquis une certaine notabilité dans la région et probablement aussi l'aisance financière qui allait de pair.

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