Pierre Louis SURIREY de SAINT REMY

Pierre Louis est l'unique fils de Louis-Michel SURIREY de SAINT REMY et de Marie-Louise du MEYNET. A sa naissance, le 2 janvier 1733 à PARIS, il a déja deux soeurs aînées, Marie-Louise et Madeleine-Hilaire. Baptisé le jour même de sa naissance à l'Eglise Saint Paul dans le Marais, son parrain est son grand-père maternel Pierre-Louis du MEYNET et sa marraine sa grand-mère Marie-Louise SURIREY de SAINT REMY.

Probablement élevé toute son enfance à PARIS, ses parents résidant dans l'hôtel familial de la rue de Fourcy dans le quartier du Marais, y compris après le départ de son Père pour le Pays de LIEGE en 1743, à l'âge de 15 ans il entre en tant que cadet dans l'artillerie le 17 février 1748. L'artillerie n'est alors composée que d'un seul régiment, le "Royal artillerie", organisé en 5 bataillons, et du corps de l'artillerie qui regroupe les ingénieurs. L'accès à l'artillerie ne fonctionnait pas selon le système des charges comme le reste de l'armée, mais comportait le passage dans un école de formation. Cette école consistait à affecter dans chaque compagnie d'artillerie 2 cadets que l'on préparait aux fonctions d'officier par l'enseignement de la théorie et la mise en pratique par le service de soldat. Il est fort probable que Pierre-Louis a commencé sa carrière militaire de cette façon.

En 1756, une des deux soeurs de Pierre Louis, Madeleine Hilaire, épouse Jean Charles Gabriel CANTINEAU de COMMACRE, lieutenant de messieurs les Maréchaux de France et Juge du point d'honneur de Touraine qui demeure à TOURS.

De 1756 à 1759, la "Guerre de Sept ans" oppose la France à l'Angleterre ainsi qu'à l'alliance austro-prussienne. Comme toute sa génération d'officiers, Pierre-Louis y prendra donc naturellement part. Un courrier d’un de ses amis Auguste Jean François Antoine de Labrouë, baron de Vareilles-Sommières, également officier d'artillerie, témoigne de sa présence en Allemagne :

"A Monsieur le chevalier Kerlau de Beaumont, lieutenant en premier à la brigade de Loyauté, à Hanau.

Giessen, le 2 mars 1759.

Oui mon cher Beaumont, j'ay une selle de velours vert à Surirey, ou plutôt à un de ses chevaux, ce qui n'est pas la même chose. Je voudrais bien trouver l'occasion de vous la faire passer. Si j'avais scu deux jours plus tost que vous étiez chargé de faire partir les équipages du cher Surirey, j'aurais profité du retour des caissons du dernier convoy qui nous est arrivé. Je m'informerais de tous les côtés de quelque occasion." (Lettre reproduite in "Revue de Lille", 5° année, T.IX, novembre 1893, p. 481.)

Pierre Louis, issu de la Brigade d'Artillerie de Loyauté, appartient depuis janvier à la Brigade de Mouy où il sert comme lieutenant en second au sein de la compagnie de Bombardier du capitaine Le Duc. De janvier à avril 1759, il est détaché à Wezel. En mai il rejoint sa compagnie au camp d'Ostchlangen près de Paderborn en Westphalie, puis avec elle rejoint en juillet le camp de Minden où va se dérouler une bataille décisive.

 

 

Sans que l'on sache exactement à quelle date il entre dans le corps prestigieux des grenadiers de France, Pierre-Louis y est nommé le 21 août 1759 lieutenant en second. On peut supposer sans se tromper que les terribles pertes essuyées par ce corps à MINDEN, notamment en officiers, soient à l'origine de son recrutement.

Pierre le grenadier

Pierre-Louis en officier de Grenadiers vers 1759

Sur ce portrait, Pierre-Louis porte le fusil, car depuis la guerre de Sept ans les officiers d'infanterie, auparavant armés de l'épée et d'une lance appelée esponton, ont été équipés d'un fusil d'un modèle plus court et plus léger que celui qui arme la troupe mais également armé d'une baïonnette.

Ce corps d'élite qui vient en efffet de se distinguer le 1er août à la bataille de MINDEN  est renommé pour l'excellente discipline qui y règne et la qualité des hommes qui le composent car il recrute ses soldats parmi les meilleurs grenadiers des régiments d'infanterie. Sa renommée est telle que les charges de Colonel de ce régiment furent données en récompense par le roi jusqu'à un total de 24 simultanément. Tous les officiers titulaires n'exerçant heureusement pas le commandement. Chaque compagnie est commandée par un capitaine alors aidé dans sa tâche par un lieutenant et un lieutenant en second.

Pierre-Louis devait d'ailleurs probablement se trouver aussi à MINDEN avec l'artillerie comme l'atteste ce petit croquis du dispositif des troupes françaises le matin de la bataille conservé dans les papiers familiaux:

Au sujet du comportement des Grenadiers de France à MINDEN, le duc de Broglie écrivait au maréchal de Belle-Isle, ministre de la guerre: " je ne puis vous dire trop de bien de la fermeté que toutes les troupes qui étaient avec moi, et surtout les Grenadiers de France, ont témoignée à la plus vive cannonade que j'ai essuyée de ma vie... Ils y ont perdu deux colonels qui méritent tous les regrets." (in "Correspondance inédite de Victor françois duc de Broglie, maréchal de France", Jules Vernier, paris ,1903 T1 P.48).

«  à la bataille de Minden que nous perdîmes en 1759, pendant la guerre de Sept ans, les grenadiers de France avaient des files entières emportées par le feu d'une batterie. M. de Saint-Pern, qui les commandait, se promenait au petit pas, sa tabatière à la main, pour leur donner du courage : « Qu'est-ce que c'est, mes enfants? disait-il. Du canon? Eh bien, ça tue, voilà tout ! » (Les mots historiques du pays de France, texte par É. TROGAN — illustrations de JOB)

Pierre-Louis

(Portrait avant restauration)

 

Sur les contrôles de mai 1761, Pierre Louis est lieutenant en second dans la compagnie du capitaine de Creny au sein de la 4ème Brigade dont les 2 colonels sont le comte de Souastre et le comte de Berranger. Nommé capitaine le 1er mai 1761 il obtient le commandement d'une compagnie de grenadiers. A la tête de sa compagnie, il participe aux campagnes de 1761 et 1762 en Allemagne. Il est d'ailleurs fait prisonnier à la malheureuse affaire de Grebenstein-Willemstadt du 24 juin 1762 qui voit 12 compagnies du régiment enveloppées par les forces anglo-hanovriennes. La paix interviendra en 1763, ce qui permit à Pierre-Louis de rentrer en France puis de se marier.

A  la paix, le régiment rentre dans sa garnison de Nancy où le régiment s'installe le 20 décembre 1762. Dans son journal, le lieutenant général de police de Nancy Nicolas Durival évoque régulièrement la présence des grenadiers de France dans la ville et cite notamment une anecdote au sujet de Pierre Louis:

"1er mars 1764

Comme j'étais encore ce matin vers onze heures et demie au chauffoir de la Comédie, pour régler la pièce qui serait jouée au profit des pauvres le 1er dimanche de Carême. M. de Surirey, capitaine aux grenadiers de France qui sollicitait pour une représentation à donner demain abonnement suspendu au profit de Mademoiselle Fossonnier, 1ère danseuse, est venu pendant la répétition du ballet, prendre le sieur Frédéric, maître de ballet, au collet, lui a donné des soufflets et l'aurait maltraité davantage si on ne l'eût empêché. Il avait des grenadiers prêts pour l'enlever et le mener en prison. La femme de Frédéric s'est évanouie, tout était en rumeur. On n'a pas mené Frédéric en prison, mais tous les sujets de la Comédie voulaient quitter sur le champ. Je les ai calmés et leur ai dit en présence de plusieurs officiers d'aller faire leurs plaintes à M. de Montesquiou. Les sieurs Fleury et Renaut y sont allés et ne l'ayant pas trouvé ils ont parlé à M. de Pille, colonel au corps qui a ordonné les arrêts à M. de Surirey. M. de Surirey les a si peu gardés qu'il a paru un moment à la Comédie.

3 mars 1764

M. de Surirey est aux arrêts par les ordres de M. de Montesquiou."

 

 bracelet-du-grenadier-1.jpg

Pierre Louis en médaillon dans le nouvel uniforme de 1762 - il a alors environ 30 ans.

 

Le 14 décembre 1764, en l'église paroissiale de METTET (pays de LIEGE) Pierre Louis qui a 31 ans épouse Marie Antoinette Alexis de COEUR, âgée de 25 ans. Elle est la fille de feu Jérôme Simon de COEUR, premier chirurgien et médecin accoucheur de la reine d'ESPAGNE, et de Marie Antoinette de HENRY de FAVEAUX, dame de SCRY, dont la famille est établie à METTET et THOZEE. Jérôme de Coeur avait obtenu en 1729 des lettres de noblesses espagnole pour lui et sa descendance "avec les mêmes prérogatives dont jouissent les titrés de Castille". Il était mort en 1740 à METTET, dans des circonstances troubles si l'on en croit son petit-fils Hyppolite qui prétend dans ses souvenirs familiaux que les jalousies qu'il avait suscité à la cour d'Espagne lui avaient valu d'être empoisonné. Le frère de Marie-Antoinette, Louis Joseph, qui avait suivi son père en Espagne était devenu en 1760 valet de chambre du roi Charles III monté sur le trône en 1759.

  

Marie Antoinette de COEUR

 

On ne sait pas précisément comment les jeunes mariés se sont rencontrés, mais on peut présumer que son père Louis-Michel, Major des Gardes du Prince-évêque depuis 1747 et bien implanté dans la société de la principauté n'y est pas totalement étranger. Marie Antoinette de COEUR lui apporte une dot de 50 000 livres, la Seigneurie de SCRY ainsi qu'une maison, des terres et des bois à METTET, le tout représentant une valeur de 120 000 livres environ. Le contrat de mariage est passé au château de METTET par François Destrée, notaire et commissaire de la ville de FOSSE, en présence du révérend Charles d'OUTREMONT, vicaire de Mettet et de M. HENRY de FAVEAUX oncle de la mariée.

Le château de SCRY avait été édifié en 1757 par la mère de Marie-Antoinette.

 

Château de SCRY

Peu après, sa seconde soeur, Marie-Louise, épouse en juillet 1765 leur cousin germain Jean-Toussaint de la Pierre, marquis de Fremeur (fils d'autre Jean-Toussaint et de sa tante Madeleine Louise de Surirey de Saint Remy), officier comme son père et futur colonel du régiment de Roussillon Infanterie (1774), qui sera maréchal de camp en 1780.

Entre 1765 et 1767, le régiment des Grenadiers de France change de garnions et s'installe dans la ville d'ARRAS.

Quatre enfants naquirent du mariage de Pierre Louis et Marie Antoinette. Tous à METTET, car il semble bien que leur mère y demeurera toujours l'essentiel du temps, alors que Pierre-Louis vit quant à lui dans les garnisons successives de son régiment ou bien en campagne avant de s'installer à PARIS lorsqu'il quitte le service .

Marie-Antoinette donne naissance à une première fille, Louise Rosalie,  le 6 octobre 1765 ; décédée à Paris à une date inconnue on ne sait rien d'elle ; une seconde fille, Alexandrine Marie Louise, nait le15 mars 1767. Celle-ci, reçue chanoinesse du chapitre royal de Jourcey en 1788, épousera  à Paris en janvier 1800 Charles Augustin François-Xavier de Fallois ancien inspecteur des haras de Lorraine.

En 1768, les Grenadiers de France retournent tenir garnison à Nancy où une magnifique caserne dont la première pierre avait été posée en juillet 1764 a été construite à leur intention.

Le 30 décembre 1769, à 36 ans, Pierre-Louis quitte le service et le corps des Grenadiers de France. En considération de ses 23 ans de services, le 3 janvier 1770, il reçoit du Duc de Choiseul une notification de ce que le roi lui accorde une pension de 800 livres de retraite compte tenu des infirmités qui l'empêchent de poursuivre le service, ainsi qu'un brevet de Lieutenant-colonel et la croix de Saint Louis. Ses états de service signalent qu'il se retire à PHILIPPEVILLE, non loin de METTET, mais rien n'atteste qu'il y ait finalement vécu, car il semble plutôt qu'il se soit installé à PARIS dans le Marais où réside d'ailleurs l'essentiel de la famille. Là-bas, il habite chez sa mère désormais  installée au 5 rue de Lions, où il a sa chambre comme en atteste l'inventaire effectué lors du décès de sa mère en 1787. Comme l'écrit plus tard l'un de ses fils, il ne se rendrait qu'environ une fois par an à METTET où continuait pourtant à résider sa femme.

Le 4 juillet 1777 naît un premier fils, Hippolyte Louis Antoine,  aïeul des SAINT REMY actuels.  Un second fils, Alexandre Augustin Louis Ghislain voit le jour le 09 février 1781.

 

Pierre-Louis

En avril 1779, suite à sa demande, il reçoit une pension supplémentaire de 400 livres accordée par le roi pour les infirmités dont il souffre.

Le 31 octobre 1783, Pierre-Louis perd son père Louis Michel qui meurt à l'âge de 73 ans à NAMUR où il habite toujours depuis qu'il a quitté la France vers 1743. Sa mère, qui vivait quand à elle toujours à PARIS, meurt quelques années plus tard le 22 novembre 1787, au 5 rue des Lyons Saint Paul (une maison sise à l'emplacement de l'actuel n°14 et appartenant alors à Auguste Denis Fougeroux de Bondaroy) où réside également Pierre-Louis quand il est à Paris.

 

 

Marie-Louise SURIREY de SAINT REMY née du MEYNET

 

Le 29 décembre 1789 à PARIS, Pierre Louis enterre son oncle Pierre-François, ancien officier de Dragons resté célibataire.

Pierre Louis continuera à habiter rue des Lyons Saint Paul jusqu'à sa mort et ne verra donc que les prémisses de la Révolution puisqu'il meurt le 26 juin 1790 après une très courte maladie. A sa mort, ses fils seront lancés à leur tour vers la carrière militaire par le conseil de famille : Hippolyte semble avoir été envoyé comme enfant de troupe au régiment d'ESTERHAZY HOUZARD avant d'être envoyé en Autriche pour être officier alors qu'Alexandre est admis au Collège Royal Militaire de REBAIS. Seul Hippolyte néanmoins sera effectivement militaire quelques années.

Sa femme Marie-Antoinette lui survivra et finira sa vie à METTET où elle meurt le 23 octobre 1802.

 

 


ANNEXES:

 

Testament de Pierre Louis de SURIREY de SAINT REMY et de son épouse  (Archives nationales: C XII 815 B)

  Dernières volontés de Pierre Louis de SURIREY de SAINT REMY (Archives nationales: C XII 815B)

 Acte de décès de Pierre Louis de SURIREY de SAINT REMY (voir pièce)

Inventaire après décès de Marie Louise DUMEYNET (Archives nationales: Y 13 979)

 


 

 

 

 

 

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